L’avenir des salons professionnels

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La saison des salons se termine. Malgré la crise qui frappe la coiffure comme tout autre secteur, les organisateurs restent ambitieux pour les éditions à venir.

Événements incontournables pour maintenir la profession dynamique, les salons professionnels coûtent cher et la question de leur avenir se pose. Les organisateurs n’en restent pas moins optimistes.

« Nos chiffres sont positifs malgré les contraintes auxquelles nous avons été confrontés, comme le départ des grandes marques », explique Thierry Tixier, directeur du Mondial Coiffure Beauté (MCB).

Lieux d’échanges et de perfectionnement des professionnels, le MCB doit, selon lui, se tenir chaque année. Un avis que ne partagent pas forcément les exposants, pour qui l’installation est onéreuse.

Trop de salons ?

« Les grands salons des autres industries s’organisent tous les deux ans, nuance Marco Eula, président de Wella France. La baisse de fréquentation des salons de coiffure ainsi que  l’espacement des visites des clients sont un phénomène récurrent depuis plus d’une décennie. La coiffure doit se réorganiser et redonner aux clientes l’envie de fréquenter assidûment les salons. »

Pour cela, le président de Wella France préconise une périodicité bisannuelle. Un avis partagé par Franck Provost, président du Conseil national des entreprises de coiffure (CNEC). « Dans un tel contexte économique, un salon tous les deux ou trois ans suffirait amplement. »

Et s’il était question de mieux gérer le calendrier ? Le salon Beauté Sélection s’est tenu, cette année, les 14 et 15 octobre, soit trois semaines seulement après le MCB. « Il y a la place pour deux salons dans l’année à Paris. Mais, pas si rapprochés ! Les gens qui ont assisté au MCB, dont un grand nombre venus de Province, ne peuvent pas se permettre autant de frais dans la même saison », soulignent Caroline et Jean-Philippe Wincker, gérants d’Objectif Coiffure / Bleu Libellule.

 

Valoriser le secteur

Cependant, il n’est pas seulement question de timing. D’autres aspects sont à revoir. « Il faut valoriser l’aspect artistique, insiste Marco Eula. C’est ce qui fait le sel de notre profession. » Pour beaucoup, l’avenir des salons tient d’ailleurs plus à un remaniement de fond que de forme.

Jacques Minjollet, directeur des Institutions de la coiffure, apprécie l’idée du rendez-vous annuel. Ce qu’il reproche, c’est la focalisation sur l’objectif marchand. « Les salons devraient être l’occasion de souligner l’aspect positif du secteur, le fait qu’il y a transmission d’un savoirfaire, que les professionnels sont concernés par leur santé. Il faut souligner cette dynamique. »

 

Comme alternative pratique, Olivier Sittoni, directeur de Coiffure Beauté Méditerranée, réfléchit à un système d’entrée à deux tarifs. « Il y a des coiffeurs qui viennent pour les shows, d’autres pour le shopping. Nous pensons mettre en fonctionnement deux billets pour l’édition de mars. Un pour les shows, un peu plus cher, mais avec accès aux exposants. Un autre moins cher, uniquement pour les achats. »

D’autres privilégieraient un changement radical de forme. « Les salons sont toujours intéressants pour la profession qui aime se réunir, argumente Franck Provost. Mais ils n’ont jamais évolué. Or, tout évolue et les modes de consommation changent. » Et si cela passait par des partenariats ou des rapprochements entre organisateurs ? L’idée fait son chemin.

 Chloé Goudenhooft et Julie de los Rios

 

Sylver Boll / L’invité de la rédac’:

Il y a une sorte d’amalgame entre les différentes propositions des salons. Ce n’est pas leur nombre qui pourrait mettre en péril leur avenir, mais bien le manque d’objectif clair qui est en cause. Les organisateurs doivent mettre de côté leur guerre de pouvoir et garder en ligne de mire une cohérence d’agenda, mais aussi et surtout l’impératif de qualité de programmation, de logistique et d’infrastructure.

La force scénique avant tout a toute son importance, compte tenu des univers qui animent la coiffure (mode, design…). Les coiffeurs viennent chercher dans les salons professionnels, lieu de convivialité et de créativité, les nouvelles tendances, leur source d’inspiration, en somme, ce qui est en avance. Il est donc essentiel de revoir le format, de renouveler les concepts pour leur amener le meilleur pour tirer la profession vers le haut.

Pierre Martin, président de la Fédération nationale de la coiffure (FNC)

« Concernant l’avenir des salons, je suis optimiste pour celui du MCB. Nous avons trouvé notre format entre un bon espace d’exposition et une belle salle pour l’artistique. C’est ce à quoi doit ressembler un grand salon professionnel, et on ne peut pas trouver cela en province !

La coiffure, c’est Paris, c’est la création. La France fait référence dans le domaine, et il est contradictoire de ne pas réussir à offrir un grand salon qui réunisse tout le monde, comme dans d’autres secteurs. Plusieurs salons atomisent les énergies. Or, nous avons un rang à tenir. »

 

Frprésident du Conseil national des entreprises de coiffure (CNEC)

« Les salons demeurent primordiaux pour la profession. Stimulants. Il est essentiel de se réunir, de faire rêver les jeunes avec des shows. Toutefois, dans le contexte économique, je pense qu’il faudrait fixer des rendez-vous plus espacés pour chaque salon. C’est très compliqué financièrement. Le MCB, par exemple, engendre des coûts énormes. Une édition tous les deux ans suffirait amplement. »

 

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