Problèmes de recrutement : le point de vue d’Eric Leturgie

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Face aux difficultés de recrutement que connait la coiffure, Biblond tente de trouver des solutions auprès des forces vives. Fermeture le samedi avec Sarah Guimond et Cyril Bazinbien-être au travail avec Thierry Bordenave ou encore revaloriser les salaires. Pour Eric Leturgie, il est grand temps de se poser pour arrêter la gestion « au doigt mouillé ».

« Fermer le samedi, c’est de la réaction… sans réflexion ! » explique le Président de la Fédération des centres de formations de la coiffure agréé à CutMeGo ! « Est-ce le week-end qu’il faut fermer et pas un autre jour ? Cela dépend des salons et des villes. »

Mais alors comment déterminer quels jours fermer ?

« Il faut réaliser une étude de marché. Les logiciels de caisse aujourd’hui permettent de connaitre plusieurs paramètres à prendre en compte : le taux de pénétration, les heures de pointe, le taux d’acquisition, le taux de présence et le CA par heure, les pics de prise de rendez-vous par semaine, par mois, par jour, les heures creuses… Toutes ces données sont essentielles. Fermer le samedi, pour certains salons, c’est perdre la clientèle qui travaille toute la semaine ou les mariages » poursuit-il.

Pour Eric Leturgie, il est grand temps pour les salons de réaliser une vraie étude sur l’attente des clients en local, avant de prendre des décisions à la hâte. « Il faut optimiser le système ! Les salons doivent connaitre leurs jours plus faibles, les heures creuses et les jours les plus chargés. Puis analyser toutes ces données. »



Et quelles solutions voit-il de son côté pour attirer les candidats ?

« La hausse des salaires est une évidence mais ce n’est pas tout ! La rédaction d’une bonne fiche de poste est primordiale. Le patron doit avant tout se demander de quel type de coiffeur il a besoin plutôt que chercher à recruter un coiffeur polyvalent. Cette fiche de poste c’est la stratégie à prendre. Car elle offre aussi au salarié un plan de carrière, une possibilité d’évolution » souligne-t-il avant de rappeler que sur 10 coiffeurs qui passent le BP, il n’en reste, 5 ans plus tard, que 3.

« On manage comme on le faisait dans les années 80-90. Les millennials n’ont pas les mêmes attentes que leurs ainés. Ils veulent évoluer dans leur métier. C’est grave, qu’aujourd’hui, si peu de coiffeurs ont accès à la formation. Et pourtant, il est primordial de la prendre en compte sur la stabilité d’un emploi. Ce n’est pas pour rien que le gouvernement a créé le dispositif FNE-Formation dans le cadre d’un plan de sauvegarde de l’emploi » rappelle-t-il. « La formation, c’est le développement des compétences sous la forme d’un parcours, pour éviter la perte des salariés. Maintenir le salarié en emploi… »

Un plan de carrière comme solution aux difficultés de recrutement ?

Oui, bien sûr ! Eric Leturgie pense même que c’est tout le système qui devrait être revu ! « Une fois le BP obtenu, on ne propose plus rien. La formation initiale doit être revalorisée. Il serait peut-être malin de revoir cela et de permettre aux coiffeurs de se former et se perfectionner tout au long de leur carrière. Proposer un CAP de formation initiale revu à la hausse. Puis des options tout au long de la carrière, qui apportent un complément de compétences et d’enrichissement. Au fur et à mesure, ces compléments de diplôme permettraient donc d’acquérir un niveau supérieur de salaire. »

L’avenir pour Eric Leturgie ?

« C’est un scoop, mais pour moi, l’avenir de la coiffure, c’est la coopérative. Se renouveller et optimiser la rentabilité comme ont pu le faire les kinésithérapeutes, les boulangers ou les pharmaciens par exemple ! » Pour en savoir plus sur cette idée, rendez-vous avec le BIBLOND numéro 94 et son dossier sur le recrutement. Patience



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