Bernard Stalter : « Il faut que Macron ait le courage de nous recevoir »

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Le président de l’Union nationale des entreprises de coiffure (Unec), Bernard Stalter, nous a confié son point de vue sur la loi Macron 2. Pour rappel, ce projet de loi vise à une déréglementation du secteur pour faciliter l’ouverture de salons.

 

Quel est votre avis sur ce projet de loi ?

Cette loi est une hérésie dans le système. Nous sommes une profession réglementée depuis longtemps et le nombre de salons augmente tous les ans. Il est obligatoire d’avoir une qualification pour exercer un métier professionnel. Est-ce que l’épouse de M. Macron irait faire des soins du visage chez un maçon ? Fait-il construire sa maison par un coiffeur ? Non !

À moins qu’il ne souhaite simplement laisser une trace de son passage en réformant le travail, ce n’est pas logique. On ne comprend pas cette loi.

 

 

 

Quelles seraient les conséquences si cette loi venait à être votée ?

Le secteur va se paupériser. J’invite Emmanuel Macron à se balader dans les rues et à constater qu’il y a de plus en plus de salons de coiffure. Ainsi, il va y avoir de plus en plus de salons, mais de moins en moins de personnel. Donc sur le fond, le métier va se fragiliser puisque les gens non qualifiés vont créer des entreprises sans savoir les gérer. Il y aura donc une vague de liquidation qui va coûter de l’argent à l’État. Je ne vois donc pas l’intérêt de cette réforme.

 

Quelle est la réaction des clients ?

Aujourd’hui une pétition circule dans nos salons et tous les clients la signe, car aucun d’entre-eux ne souhaite confier ses cheveux à une personne non qualifiée. De plus, dans le cadre de l’opération J’aime Mon Coiffeur, un certain nombre de parlementaires, de gauche comme de droite, sont venus dans nos salons et ont confirmé qu’il était impensable de confier ce travail à des gens non qualifiés.

 

 

Si M. Macron continu à faire la sourde oreille, il va se mettre tout le monde à dos puisqu’il ne travaille pas en construisant l’avenir, mais en restant tout seul dans son coin. Il a une vision de libéralisme « à l’américaine » qui n’est pas adapté au système français dans lequel les consommateurs et les salariés doivent être protégés.

 

Quelles sont vos solutions ?

Comment un ministre qui ne connaît pas un métier peut-il le réformer correctement ? Je suis prêt à travailler avec lui pour faire évoluer le métier, car je ne souhaite pas faire du protectionnisme. J’aurai plusieurs points à aborder avec lui, comme la validation par l’expérience ou encore la formation tout au long de la vie pour que les coiffeurs restent performants afin d’inverser la courbe du chômage.  Mais pour ça, il faut que M. Macron ait le courage de nous recevoir. Nous lui avons proposé à plusieurs reprises d’organiser une rencontre, et rien n’a été fait.

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