David Lucas, réagir post-confinement

Photo Sylvain Norget MD
Photo Sylvain Norget MD
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Amoureux de son métier et toujours sur le pont, David Lucas ne baisse jamais les bras. Il nous fait partager son ressenti après ce deuxième confinement.

Comment s’est passée pour toi cette première semaine de décembre ?

Très bien. Quel bonheur de se retrouver ! Et puis dans ce contexte de fêtes, cela ajoute de l’optimisme ! Tout le monde est content, du côté des clients comme des coiffeurs.



Comptes-tu ouvrir le salon les dimanches de décembre ?

Non, nous ne pensons pas ouvrir le dimanche, toute l’équipe va travailler plus en étendant certainement nos plages horaires. Les journées sont intenses, il nous faut conserver au moins cette journée de répit pour tenir la distance.

Comment as-tu réagi à ce deuxième confinement ?

En fait, j’essaie de voir ce qui peut être amélioré et je travaille dessus. Je pense qu’un chef d’entreprise se doit de toujours réfléchir au salon de demain. C’est aussi la raison pour laquelle nous venons de créer la gamme Respect, une ligne qui propose de bons produits, les plus naturels possible, avec très peu de chimie, de la bonne chimie. Respect propose ainsi des produits très doux et très cosmétiques. Il y a lieu de se féliciter, car de plus en plus de monde souhaite consommer des produits plus naturels et meilleurs pour soi et pour l’environnement.

Je pense que cela explique pourquoi je n’ai pas envie pour l’instant d’avoir plus de salons, j’ai surtout envie de garder ma qualité de service. Donc pour pouvoir conserver cette qualité, je suis en perpétuelle recherche : comment mieux satisfaire la clientèle, devenir un salon plus propre ou moins polluant, plus naturel. Café, sacs plastiques, consommer moins d’eau…

Photo : Ha(a)ïtza

Quelles ont été pour toi les différences entre les deux confinements ?

Je n’ai pas réagi de la même façon au deuxième confinement. Lorsque nous avons fermé le salon, j’ai eu du mal à comprendre la polémique autour de la coiffure à domicile. Quand vous arrivez au domicile des gens, ils ne portent pas de masque, le risque de cluster est donc réel. Et je tiens aussi à dire que tous les coiffeurs ont joué le jeu. Ils ont pris les mesures au sérieux, ont mis à disposition du gel hydroalcoolique, ont exigé le port du masque et la distanciation.

Durant le premier confinement, j’avais l’énergie et l’envie de faire des choses, j’ai été présent sur les réseaux sociaux. Cette fois, cela a été différent, j’ai eu du mal à faire des tutos, j’avais l’impression de l’avoir déjà fait… Je n’ai pas trouvé l’énergie, et c’est aussi ce que j’ai ressenti de la part d’autres coiffeurs, et pas seulement des coiffeurs d’ailleurs.

Je pense que de grosses erreurs ont été faites. Peut-être aurait-on pu éviter ce confinement… Le masque aurait dû être obligatoire dès le début, ce n’est pas si dérangeant de porter un masque. On aurait peut-être pu sauver les entreprises.

Qu’as-tu fait en attendant la réouverture de décembre ?

Lors du dernier confinement, déjà, j’avais maintenu une permanence téléphonique toute la semaine, de 10 h à 17 h. Cette fois, j’ai appelé mes équipes à Bordeaux qui s’occupent de l’accueil téléphonique. Cela représente 22 personnes. En outre, ici, tous les jours, un coiffeur différent était présent avec moi au salon pour préparer des colorations pour nos clientes. Nous avons travaillé soit en click and collect, soit en livraison. C’est ce que je fais déjà tous les étés pour mes clientes lorsqu’elles partent en vacances. Elles ont ainsi leur dose de couleur, nous restent fidèles, nous sommes sûrs qu’elles ne vont pas abîmer leurs cheveux et elles savent qu’elles auront le bon produit et la bonne nuance.

Pendant cette fermeture imposée, nous avons fait la même chose. Nous leur avons bien expliqué que c’était juste pour les racines, pour dépanner… C’est un service que je facture 60 euros. Nous nous étions donné pour objectif d’en faire dix par jour, soit 600 euros. Cela va me payer une partie du loyer … J’ai eu vingt-trois nouvelles clientes par jour en visio, sur téléphone, pour des diagnostics couleur. Nous en avons profité pour prendre des rendez-vous post-confinement, avec aussi de nouvelles clientes.

Photo : ESicot

Selon toi, quels changements vont découler de cette crise ?

Je pense que les gens – y compris les coiffeurs – ont moins peur que lors du premier confinement, notamment parce qu’ils ont compris que les hôpitaux étaient mieux préparés et la maladie mieux maîtrisée.

J’ai également l’impression que les gens ont compris qu’il est vital de protéger les personnes âgées mais aussi à quel point les jeunes avaient été affectés par cette crise et je crois qu’à l’avenir, ils hésiteront moins à faire appel à eux.

Quelles sont les conséquences financières de ces fermetures ?

Je peux dire qu’il vaut mieux être une entreprise qui allait bien avant le confinement et qui avait un peu d’économie, sinon ça va devenir difficile ! J’ai contracté un Prêt garanti par l’État, ou PGE, de 300 000 €. Cette somme, il va bien falloir la rembourser, cela nous fragilise forcément. Si l’activité ne reprend pas aussi bien que prévu, ce sera compliqué !

Je pense que durant le mois de décembre, les coiffeurs vont bien travailler, il y a l’envie, je ne suis pas inquiet ! Je m’inquiète plus en revanche pour janvier, qui en temps normal est déjà un mois plus faible. Nous savons que, même si les elles adorent aller chez le coiffeur, les clientes ont un peu peur en pensant à ce qui peut encore arriver…

Les coiffeurs ont tout intérêt à mettre en avant leur expertise, à développer la vente en salon, car les clients ont quand même envie de dépenser et sont prêts à acheter. Il faut se donner les moyens pour que les clients viennent nous voir.



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