« Vous n’êtes qu’un coiffeur » : Alexandre Villain appelle à la mobilisation pour une revalorisation du métier

Source : Alexandre Villain
Source : Alexandre Villain
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Maître artisan à la tête de trois salons (un à Paris et deux à Courbevoie), 1er Vice Président à IFPM de Nanterre et ambassadeur de la Coiffure IDF pour l’Unec, Alexandre Villain ne pensait pas créer un tel engouement quand il a publié, le 8 février, son texte « Vous n’êtes qu’un coiffeur » sur son compte Facebook (pour le lire, rendez-vous sur sa page facebook ici). Plutôt discret, le patron de MF Coiffure, 35 ans, poussait un coup de gueule suite à cette phrase sortie de la bouche d’une cliente, qui ne s’était même pas donnée la peine d’annuler un rendez-vous qu’elle ne pouvait honorer.

« Vous n’êtes qu’un coiffeur ».

Sa publication a été partagée plus de 1000 fois et likée près de 2 500 fois. « Le nombre de réactions est assez gigantesque. Ça a touché beaucoup de monde. J’ai voulu écrire un post qui fasse réagir. Je n’aurais jamais imaginé que cela serait aussi viral. Au-delà de la coiffure ! Des gens de toutes professions ont réagi » confie-t-il. Un tel mépris devait être pointé du doigt.

Alexandre Villain a réussi via son témoignage poignant et la sincérité de ses mots à alerter un maximum de personnes.

« La réaction de ma cliente m’a touché personnellement. Je suis issu d’une famille de coiffeurs. Ma mère m’a élevé grâce à ce métier. Le fait qu’on rabaisse cette profession, je ne peux pas l’accepter. C’est grâce à la coiffure que j’en suis là. Nous avons aujourd’hui trois salons avec ma mère. Nous avons beaucoup travaillé pour en arriver là. A l’origine, elle était coiffeuse à domicile. A l’époque, cette pratique était bien plus difficile qu’aujourd’hui, ce statut n’existait pas vraiment. Qu’on s’en prenne à ce métier qui nous a permis de survivre mais aussi de nous développer personnellement, ça ne passe pas ! »

Toutefois, Alexandre Villain n’entend pas se lamenter sur son sort.

« Le but de mon texte n’est pas de chercher la compassion. En réalité, ce type de phrase, méprisante, n’arrive jamais ! Plus de 99 % de nos clients nous apprécient et sont reconnaissants de ce que l’on leur apporte. On donne du plaisir et on en reçoit. Alors ce « Vous n’êtes qu’un coiffeur » n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan mais elle ne doit pas exister. On peut me traiter de « con » mais pas s’en prendre à une condition professionnelle. C’est très dégradant ! »



Pendant une semaine, les commentaires ont fusé.

« Il y avait quelque chose de négatif. Les coiffeurs se plaignaient de la difficulté du métier, de son manque de valorisation, du mépris qu’ils subissent. Ça ne tire pas la profession vers le haut ! » De ce constat, Alexandre Villain a écrit autre texte, invitant les professionnels de la coiffure à ne pas se poser en victimes. « Certes, cela a permis de tirer une sonnette d’alarme. Les gens ne l’avouent pas forcément mais la coiffure est dévalorisée. Peu de parents souhaitent que leur enfant suive cette voie. Mais ma volonté est justement de faire que notre métier soit considéré comme un choix de vie. Et de rappeler que l’on peut très bien se développer et s’épanouir professionnellement et personnellement dans la coiffure. »

Ainsi, il invite tous les acteurs, syndicats en tête, à œuvrer en faveur de cette profession qu’il aime tant.

« Cela passe par la communication auprès du grand public. Rappelons par exemple que comme les autres métiers artisanaux, la coiffure est un métier de plein emploi. Après un CAP, 8 apprentis sur 10 signent un CDI. »

Autre sujet que le Maitre artisan évoque ?

« La revalorisation des prix, pour revaloriser les salaires. Une carrière doit permettre de payer les factures, au-delà de l’épanouissement qu’elle peut apporter. » Dans cette dynamique, Alexandre Villain dénonce l’explosion des salons discount où la coupe homme se monnaie à 10 ou 15 euros ! « Même si les clients viennent chez nous, ils ont en tête qu’une coupe peut valoir bien moins cher. Ils tiquent dès qu’il y a une augmentation des prix. Hors pour bénéficier d’un savoir-faire et d’une qualité de travail, on ne peut pas payer moins d’un euro la minute. Et en 15 minutes, on ne peut faire une coupe masculine de qualité ! »

Quelles solutions apporte-t-il à ceux qui voudraient augmenter leurs tarifs ?

« La formation continue est la clé. Se former sans cesse est un alibi pour augmenter ses prix au fil du temps. En effet, celui qui se forme et donc se perfectionne a une valeur ajoutée par rapport au voisin qui se contente de rester sur ses acquis. »

Vous l’aurez compris : pas question de s’apitoyer sur son sort !

Alexandre Villain invite toute la profession à œuvrer pour la coiffure. « Prenons l’exemple d’une paire de chaussures. Le consommateur sera convaincu qu’un modèle à 500 euros sera de meilleure qualité qu’un modèle à 50 euros. C’est exactement la même chose pour une coupe de cheveux » poursuit l’entrepreneur avant de rappeler que la coiffure était un des métiers les plus attendus pendant les confinements. « Le moment est venu d’évoluer, de mettre en avant notre savoir-faire. Quand un plombier se déplace, il facture facilement à 150 euros. Il faut casser les codes ! Heureusement, certains coiffeurs ont déjà entrepris cette revalorisation » conclut celui qui promeut le devoir de transmission via l’apprentissage.



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