Salons en faillite : Nicolas Waldorf tire la sonnette d’alarme

Nicolas Waldorf
Nicolas Waldorf
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Du jamais vu depuis vingt-cinq ans : les défaillances d’entreprises comme les redressements ou les liquidations ont explosé au 3e trimestre 2022, mettait en garde le journal Le Figaro.

Les entreprises les plus touchées ? Les restaurants, les commerces de détails et les salons de coiffure. Et cela pourrait n’être qu’un début… Inquiet, Nicolas Waldorf (voir notre portrait) a voulu s’exprimer sur le sujet.



Il est certainement un des coiffeurs les plus célèbres de France. À la tête de plusieurs affaires (salons, studio, boutique…) et star de la télévision (Incroyables Transformations sur M6), l’entrepreneur de 36 ans brillait récemment sur les marches du Palais des Festival à Cannes, tout de paillettes vêtu. Pourtant, ces derniers mois, sa vie n’a rien de flamboyant.  

« Il y a un vrai décalage. J’étais à Cannes pour un événement d’influence, on me photographiait sur le tapis rouge, j’avais une tenue incroyable… Et pourtant, je n’étais pas sûr que ma carte bancaire passerait ! Sur le tapis rouge et même pas solvable… Telle est l’absurdité de notre époque. » nous confie-t-il.

Crédit photo Laurent VU/SIPA

Comment un coiffeur d’une telle notoriété peut-il se retrouver dans cette situation ?

« J’ai eu une ascension fulgurante. Nous étions la trentaine fabuleuse, pleine d’envies et de projets. J’ai créé plusieurs entreprises et des emplois. Puis la Covid-19, la guerre en Ukraine, les manifestions contre la réforme des retraites [ses affaires sont à Paris-NDLR], la crise économique… Tout peut s’effondrer ! En dix ans, j’avais construit une entreprise qui marchait très bien. Après la Covid-19, nous avions décidé d’un nouveau lieu… Comme j’avais deux ans d’attente sur mes rendez-vous, c’était la suite logique. Je devais aussi animer une émission de télévision, qui a été annulée. J’ai perdu à ce moment-là 100 000 euros. J’avais aussi une affaire dans la décoration… Mais avec la crise, les gens n’achètent plus ! Je me suis retrouvé avec les stocks sur les bras. Puis il y a eu la guerre en Ukraine et les manifestations contre la réforme des retraites. Comme mes clients venaient d’Île-de-France, de Province et même de Tunisie, Belgique ou Suisse…, je suis donc passé d’un CA de 80 000 euros à 30 000 euros, tout cela avec un loyer exorbitant et un PGE à rembourser… Je n’en dors plus ! Quant aux masterclass que je donne, elles ne se remplissent plus. Quand l’argent manque, la formation n’est plus une priorité. À tort, car c’est le moment ou jamais de se former. Enfin, les ponts de mai ont continué à nous enterrer. »

La concordance de tous ces faits est sans appel : Nicolas Waldorf ne se paie plus depuis plusieurs mois.

« Et encore j’ai la chance de pouvoir faire un peu d’influence qui me permet de payer mes traites en retard pour une société qui ne tourne plus ! » Comme solution, il a envisagé de vendre une de ses entreprises. « Mais ce n’est absolument pas le moment de vendre, personne n’achète… On est asphyxié ! », précise-t-il. Sa situation est loin d’être un cas isolé ! « Dans mon quartier, je vois des nombreux baux à céder. Les patrons injectent toutes leurs économies pour tenir. »

Et quelle solution voit-il ? « L’État n’a pas attendu que l’économie revienne à la normale. Les remboursements des PGE sont tombés au pire moment. Cela ajouté au surcoût du personnel, c’est très compliqué. J’appelle le gouvernement à accompagner les commerçants. En gelant, par exemple, les remboursements des PGE, le temps que tout rentre dans l’ordre. Jusqu’aux JO à Paris, par exemple. Je vois autour de moi des patrons, même connus, qui perdent leur trésorerie, investissent toutes leurs économies pour tenir jusqu’à ce que cela redevienne prospère. »

Bien sûr, Nicolas Waldorf sait qu’il n’est pas le plus à plaindre. « Ma sœur, qui conseille les grandes entreprises, m’épaule. Pour ma santé mentale ! Certains jours, j’ai envie de rester dans mon lit. Puis on se bat pour nos salariés. Même si j’ai dû en licencier certains, avec la baisse d’activité. » La situation est devenue très difficile à vivre. « J’imagine que c’est encore pire pour les grosses structures ou les franchises. Ou les entrepreneurs en fin de carrière qui ont monté des empires et se retrouvent sous l’eau. Nous avons le PGE à payer en plus des charges classiques qui n’ont pas baissé du tout. »

Pour conclure, Nicolas Waldorf en appelle à la solidarité. « Restons soudés. Rassemblons-nous pour trouver des solutions. L’État doit réagir pour sauver les commerçants. »



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