Les barbières contre-attaquent. Episode 1.

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Longtemps réservé à la gent masculine, le métier de barbier se féminise. Choix de cœur ou choix stratégique face à l’engouement ? Vocation ou aubaine ? Ces femmes ont décidé de faire des coupes césar, taper Fade, mulet ou fondu et de la taille de barbe leur quotidien, se spécialisant dans la coiffure homme.

Quasi disparu dans les années 90, le barbier et ses outils tranchants sont plus cool que jamais. Alors pourquoi ne s’accorderait il pas au féminin ? Les mentalités ont changé, aussi bien du côté des consommateurs que des professionnels. Il faut dire que le secteur est en plein essor, et selon les experts, il n’a pas fini de nous surprendre.

Biblond est parti à la rencontre de celles qui renouvellent le métier. 4 barbières prennent la parole.



Léa Nicolas @jkz_barber

Pourquoi ce choix de métier ?

Au début, je n’étais pas du tout partie pour travailler dans la coiffure. J’ai passé un bac Métiers de la mode. Une fois diplômée, je n’ai pas voulu continuer dans cette branche. Je me sentais un peu « larguée », ne sachant que faire. J’ai tenté une école de commerce pour me rendre compte, au bout de deux mois, que ce n’était absolument pas fait pour moi. C’est pendant ces cours que j’ai commencé à m’intéresser au métier de barbier, en regardant des vidéos sur Instagram. Cet univers me plaisait alors je me suis lancée dans un apprentissage au TanTanBarbershop. Une révélation ! J’ai alors découvert un métier incroyable et passionnant.

Qu’est-ce qui vous plait dans ce métier ?

J’aime la créativité du métier. Le côté traditionnel comme le côté plus urban. On ne s’ennuie jamais ! Il faut s’intéresser aux nouveautés et à ce qu’il se passe autour, faire marcher les réseaux. J’ai encore beaucoup de choses à apprendre… Et pourquoi pas un jour ouvrir mon propre barbershop ?

Est-ce difficile en tant que femme de s’imposer dans cet univers masculin ?

Pour ma part, je n’ai eu aucun mal à m’imposer. Il faut être soi-même. Mais aussi très professionnelle. Et surtout ne pas se mettre la pression. Tout se passera bien ! Je suis heureuse de voir qu’il y a de plus en plus de femmes dans la profession. De nos jours, il n’y a plus ces cases, métier d’homme ou métier de femme. Chacun fait le métier qu’il souhaite. Les femmes peuvent être barbière si elles le veulent, c’est un métier artistique et de partage.

Vos sources d’inspiration ?

Je m’inspire de ce que je vois en salon, sur les réseaux mais aussi un peu partout ! Je suis à l’affût. J’aime beaucoup les barbiers du Schorem. Chez les barbières, j’apprécie le travail de @thefrenchkakkerlak et @hayden_cassidy.

Cindy Prieur @monbarbierestunefemme

Comment êtes-vous devenue barbière ?

Le monde superficiel de la coiffure m’a quelque peu échaudée. J’ai participé à quelques concours, je me suis fait un nom dans le monde des Miss mais aussi sur les shootings grâce à mes chignons et en salon grâce à mes couleurs. Mais ce qui me plaisait avant tout, c’était la coupe, avec une plus grande affinité pour la gente masculine. Forte de mes expériences, je me suis donc naturellement orientée vers ce qui me faisait vibrer, les hommes, la barber, le soin… J’ai trouvé un univers qui me correspond, loin des artifices et des cancans. J’ai renoué avec mon caractère d’enfant, grande solitaire.

Je ne voulais plus participer à l’expansion d’une entreprise sans la moindre reconnaissance ! Seuls mes premiers patrons, Eve et Philippe savaient valoriser leurs collaborateurs. Poussée par mes proches, j’ai décidé de mettre mes idées et mon ambition au service de ma propre entreprise. J’ai créé un cocon, avec une ambiance « comme à la maison », totalement disponible pour mes protégés. Je remercie mes clients mais aussi la confrérie des barbiers avec les Barber Meetings, je salue Olivier Flo et Jean-Marie – à quand la prochaine ? -, mon collège Clément, la personne la plus droite et la plus respectueuse que je connaisse. J’ai eu la chance de rencontrer et de la partager la même scène qu’Alain Blackman et Sarah, la Barbière de Paris, que je n’ai pas osé aborder tant elle m’impressionne ;

Au bout de 5 ans, vous choisissez de vous lancer dans un nouveau défi ?

Oui, encore sur un coup de tête, j’ai eu envie de voir autre chose. Vivre comme je le souhaite. Mais aussi grâce à mon compagnon, électricien nomade, j’emmène désormais mon métier partout avec moi. J’ai un salon en camping-car qui me permet de m’installer partout où je le souhaite, après accord et contrat bien sûr ! Grâce à l’autonomie électrique, je peux m’installer sur les plus jolis spots naturels de ma région pour travailler. J’ai rajouté une prestation « shiatsu » pour aller au bout de mon envie, prodiguer le bien-être. A son paroxysme.

Qu’est ce qui vous plait dans ce métier ?

L’humain, avant tout ! Tout ce que l’on peut apporter aux gens. Un geste ou une parole peut modifier le cours d’une journée. Ma citation préférée, que j’ai affichée dans mon shop est de Simone Weil : « l’attention est la forme la plus rare et la plus pure de la générosité. ».

Apporter du bien-être à ceux qui poussent la porte de mon camping-car, c’est ce que je préfère. Leur apporter une écoute et un travail qualitatif. Moins de personnes à la journée mais mieux. Avoir le temps de bien faire. Prendre ce temps.

Est-il difficile de s’imposer en tant que femme ?

Il n’y pas à s’imposer en tant que femme. Si on commence à vouloir prouver quelque chose dans ce sens, on se trompe. C’est par le travail que l’on s’impose, la qualité et la satisfaction de nos clients, la réputation… J’ai créé Mon Barbier est une femme et déposé la marque il y a quelques années car justement être une femme n’est absolument pas un problème dès lors qu’on est sur le bon chemin. Être une femme ne doit jamais être une excuse ou un frein. Soyons fières de nous, de notre parcours mais aussi de vos échecs qui nous façonnent.

Comment envisagez vous l’avenir ?

J’ai aujourd’hui atteint l’un de mes mantras, « l’apaisement comme seule ambition ». L’avenir sera de continuer dans cette lancée. Je veux juste être heureuse, me sortir un salaire (rires), même si je me nourris de ma belle condition, celle de faire ce que j’aime.

J’espère un jour inspirer d’autres Barbières et futures barbières pour faire de mon Barbier est une femme une référence. Je recherche des collaborateurs justement pour faire connaître cette marque. Peut-être en faire une franchise, qui sait ?

Tout est possible et si une seule personne se motive après m’avoir lu, j’aurais réussi.

Amélie Vernière @amelieverniere

Comment s’impose-t-on en tant que femme ?

Pour s’imposer auprès de ma clientèle masculine, il faut apporter un conseil d’expert, afin de mettre en confiance le client.

Qu’est-ce qui vous plait dans ce métier ?

La diversité des coupes masculines. Je n’ai jamais l’impression de faire deux fois la même chose. Je personnalise le trait de barbe pour chacun de mes clients. J’espère ouvrir un jour mon propre salon de coiffure pour homme et barbershop avec l’envie de proposer d’autres prestations comme par exemple les tresses.

Comment appréhendez-vous l’arrivée de barbières ?

Avec l’expansion de la coiffure masculine et la banalisation de la barbe, beaucoup de coiffeuses « mixte » ont pu suivre des formations sur l’univers masculin. Et se sont découvert une passion !

Comment reste-t-on au top dans ce métier ?

Il faut suivre l’actualité, connaitre les nouvelles tendances et les maitriser. Pour ma part, je m’inspire de coiffeurs-barbiers du monde entier que je peux suivre grâce aux réseaux sociaux. Mon modèle ? Mon père, Stéphane Vernière, lui-même barbier, qui m’a enseigné et transmis sa passion.

Des projets ?

Je vais créer une collection homme que je me ferai un plaisir de vous partager.

Mylène Louvin @mylene_mlk

La coiffure masculine et la barbe étaient-elles votre choix premier ? Une vocation ?

Il s’agit d’une reconversion professionnelle à l’âge de 30 ans. Avant cela et pendant 10 ans, j’étais maquilleuse dans le monde du spectacle. Mais le métier de barbière est devenu une réelle passion et une vocation qui occupe tout mon temps. La journée en salon, le soir, j’apprends et j’évolue en regardant des vidéos de mes confrères. Le week-end est réservé à des événements extérieurs pour des marques ou à des shootings.

Comment s’impose-t-on en tant que femmes dans ce milieu masculin ?

Je ne dirais pas que l’on doive s’imposer. Travailler 10 fois plus pour que votre travail soit considéré, ça oui ! Il faut avoir du caractère, être pro en toutes circonstances, patiente. Se former continuellement, être curieuse de tout et tout le temps, se remettre en question chaque jour, vouloir s’améliorer sans cesse et rester humble. Le métier de barbier était réservé aux hommes. Il a fallu se faire une place, la pérenniser, faire sauter ses peurs et ses doutes. S’il y a encore des réticences de la part de certains employeurs, la pénurie de main d’œuvre nous a permis de montrer de quoi nous étions capables. Comme je le dis souvent, la couture, métier dit « de femme », est représenté par des très couturiers. La cuisine par des chefs. Alors pourquoi le monde de la coiffure masculine ne serait pas fièrement représenté par des barbières ?

Qu’est-ce qui vous plait dans votre métier ?

Le contact humain, le challenge quotidien, le sur-mesure et la relation client. Mais aussi l’évolution constante de notre métier.

Comment envisagez vous l’avenir ?

Rayonnant, avec plein de challenges !

Comment reste-t-on au top dans le domaine du barber ?

Il ne faut jamais se contenter de ce que l’on fait ou ce que l’on a. Chercher à se renouveler perpétuellement. Et aussi être touche-à-tout. Il faut savoir gérer son image professionnelle, mettre en valeur son travail en photo et/ou vidéo, se former, être curieux des nouveautés, savoir sortir de sa zone de confort. Tout cela est indispensable pour ne pas se retrouver dans une routine ennuyeuse et contre-productive.

Quels sont vos modèles dans le métier ?

En France, j’aime beaucoup le travail et la vision du métier de Guillaume Fort, Samy Petot, Thierry Bordenave, Victorien Barber, le coupeur, Scrarecrow_barber, thefrenchkakkerlak.

A l’international, j’aime beaucoup l’équipe de Schorem, Andrea Amighetti, Hugo Leblanc, Vladimir kendra, Marek Krzyminski, Josh Lamonaca, didkivskyi Dmytro, Charlie Birt , Haiden Cassidy l’équipe STMNT…

Des projets à venir ?

Quelques concours en préparation pour 2023, des événements extérieurs avec American Crew France, des formations à l’international… Et quelques projets encore secrets !