Fermeture le mercredi et le samedi : et si c’était une aubaine ?

Taille du texte: A A A

Quand les salons de coiffure ont fait part de leurs difficultés à recruter, Biblond a tenté de trouver des solutions qui attirent les candidats.

Parmi les actions mises en place par certains patrons de salons de coiffure, la fermeture le samedi s’est imposée comme une évidence pour Cyril Bazin, à la tête de 8 salons (voir notre news : Fermeture des salons le samedi : est-ce la solution aux problèmes de recrutement). Une initiative qui avait fait beaucoup réagir sur les réseaux sociaux. Avec ses défenseurs et ses détracteurs. Malgré tout, l’idée a germé auprès d’entrepreneurs, avec, sous-jacente, l’envie de garder les équipes existantes.

Mais où on est-on chez Cyril Bazin, un an après ? Que du positif pour Dilek, coiffeuse au salon de Sainte-Luce-sur-Loire : « En tant que salariée de l’entreprise Cyril Bazin Coiffeur Créateur, cela m’a rassurée de voir qu’en 2022, les employeurs sont soucieux du bien-être de leur employés », explique-t-elle avant de souligner que désormais son temps de travail est équivalent à son temps de repos. « Je travaille sur 4 jours et je dispose de 3 jours de repos complet. Ça fait la différence ! Par exemple, quand je pars en vacances, je peux prévoir mon avion dès le samedi matin et donc je gagne 2 journées ! », précise-t-elle.



Résultats ? « Ma motivation en est décuplée. J’ai envie de fournir du bon travail. C’est appréciable d’avoir un équilibre entre vie pro et vie perso… »

Dilek

Dilek a vu sa vie personnelle transformée. « Je profite de plus de moments en famille, entre amis. J’ai plus de temps libre à consacrer à mes loisirs. Plus de sorties, de concerts, de restaurants et de spontanéité dans ma vie ! Si je veux prendre un week-end pour partir, je peux. Sans avoir besoin de poser une journée ! Ma petite sœur étudie à 2 heures de chez moi. Nous pouvons désormais nous voir plus souvent et plus facilement », raconte-t-elle.

Autre avantage ? « Je peux participer aux grands événements comme les mariages. Fini le temps où j’arrivais après, ou en plein milieu d’un repas. Je n’ai plus à courir en sortant du salon de coiffure pour aller prendre un train. Mon entourage est ravi. La vie passe si vite qu’on en oublierait l’essentiel. C’est grâce à de telles initiatives que nous pouvons partager des moments, qui se faisaient trop rares quand je travaillais le samedi. Je pense également à ceux qui sont parents et qui, avec l’école, ne pouvaient que trop peu profiter de leurs enfants. Idem pour les conjoints. C’est plus simple de consacrer du temps à l’autre quand on a son week-end », souligne Dilek.

Conséquences de la décision de Cyril Bazin ? « Honnêtement, si je devais songer à quitter l’enseigne, j’y réfléchirais à deux fois. Lorsqu’on goûte au confort d’avoir ses week-ends complets, il est difficile de revenir en arrière. C’est une réelle avancée dans le monde du travail et de la coiffure. »

Cet équilibre, Alexandra Eeckhout, 42 ans, à la tête de 5 salons de coiffure en région parisienne (Alexandra Grey et Au Grey des Couleurs) l’a aussi découvert en décidant de fermer le mercredi.

Mais pourquoi le mercredi ? « Étant maman, je me dis que finalement ce n’est pas le jour que l’on choisit pour aller chez le coiffeur. Les clientes privilégient les activités des enfants par exemple. Quand elles prennent leur journée du mercredi, c’est pour s’occuper de leur famille », explique-t-elle.

Garder ses salariés est devenue une priorité pour les patrons de salons aujourd’hui. C’est pour cette raison qu’Alexandra Eeckhout a pris la décision de fermer le mercredi dans trois de ses salons. « Avec les difficultés de recrutement que nous connaissons… J’ai des candidats, la quarantaine, dans un désir reconversion, cela coûte cher car il faut les former. Mais comme on ne trouve plus de coiffeurs, on s’adapte ! Fermer le mercredi, me permet de garder les collaborateurs dont je suis contente. Ils sont à 35 heures sur 4 jours. Cela leur change la vie de venir un jour de moins, d’autant plus quand ils habitent loin » précise l’entrepreneuse.

Mais en tant que patron, cela ne représente-t-il que des avantages ? « Avec les 35 heures, finalement, mes collaboratrices posaient facilement leur mercredi. Et celles qui ne le faisaient pas se trouvaient un peu seules dans le salon. Vu de l’extérieur, cela donne l’impression d’une entreprise qui ne tourne pas. Cela évite aussi qu’elles soient seules, en cas de maladie ou d’agression. En faisant un premier bilan, je me rends compte que je ne perds pas tant de chiffre d’affaires. Les clientes s’adaptent à nos nouveaux horaires d’ouverture. Mes collaboratrices font leurs 35 heures sur 4 jours. Je n’ai plus d’heures supplémentaires à leur payer. Si elles font une demi-heure en plus, par ci ou par là, à la fin du mois, comme elles me doivent 4 heures, on est à l’équilibre. » Alexandre Eekchout a tant gagné en confort qu’elle ne reviendrait pas en arrière. « J’ai toujours 3 ou 4 coiffeurs en salon. Donc même en cas d’arrêt maladie, l’équipe tient. »

« Finalement, même si je trouvais du personnel aujourd’hui, je pense que je ferais des équipes : une du matin et l’autre d’après-midi, sur 4 jours. Les salariés ne veulent plus faire des journées à rallonge. Ouverture-fermeture, ce n’est plus au goût du jour », précise celle qui a même décidé de fermer son salon 15 jours en été. « Je ne l’avais jamais fait auparavant. J’ai apprécié de passer deux semaines avec mon fils au mois d’août, l’esprit libre. La clientèle ne m’a pas fait d’infidélité. Elle était informée et elle s’est adaptée. Mes collaborateurs qui ont des problèmes de garde d’enfants apprécient aussi. Il faut vivre avec son temps. Si on ne s’adapte pas, on meurt », prévient-elle.

« Il y a quelques années, quand quelqu’un disait qu’il voulait du temps pour lui, on le traitait de paresseux. Aujourd’hui, on est obligé de l’accepter. Si on ne l’entend pas, la personne s’en va. Les nouvelles générations veulent plus de temps libre. Elles veulent quitter le travail plus tôt le soir ou avoir un jour off dans la semaine. Il est essentiel qu’elles soient heureuses dans l’entreprise pour y rester. »

Chez Cyril Bazin, pour pallier la fermeture du samedi, la stratégie a été de changer les horaires. « Nous avons une amplitude horaire élargie. Nous pouvons proposer plus de créneaux, notamment parce que le salon est désormais ouvert le lundi, de 9h à 19h. » Cela a des conséquences aussi sur la clientèle. « Nous avons gagné par exemple les commerçants qui ont leur jour de repos le lundi. » Bref… Vous l’aurez compris ! Pour Dilek, cet aménagement du planning n’a que du positif. « Je ne vois aucun point négatif. La transition a été très bien réfléchie et amenée ! »