Coiffure à domicile : halte aux idées reçues !

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Suite aux nombreuses réactions à l’article « Coiffeurs à domicile ou salarié d’un salon : pour quel statut opter ? » (BIBLOND 92), nous avons voulu donner la parole aux coiffeuses à domicile – majoritairement des femmes – pour démêler le vrai du faux. A découvrir dans le numéro à paraître, les points de vue d’Annabelle Jamet et Atika, qui officient à domicile, entre Paris et Saint-Malo.

En attendant la sortie du BIBLOND 93, Alexandra Gorse, 30 ans et Fabienne Schmitt, 50 ans, font halte aux idées reçues. La première s’est lancée il y a un an et demi après des expériences en salon auprès de super patrons, quand elle est revenue dans sa région d’origine, en Côte d’Or. La seconde a sauté le pas il y a 11 ans après 22 ans en salon et un clash avec son dernier employeur, qui « mettait la pression pour faire du chiffre et des ventes et ne payait pas les heures sup’, comme c’était prévu dans le contrat ». Toutes deux ne reviendraient en arrière pour rien au monde. Aujourd’hui, elles font halte aux idées reçues.

Idée reçue n° 1 : les coiffeurs à domicile sont isolés

Faux ! Fabienne Schmitt se forme régulièrement, plusieurs fois par an. « Je passe par Weelova, une marque exclusive aux coiffeurs à domicile mais aussi Partner Beauté et Cyléa qui nous dédient des formations. » Même réponse pour Alexandra Gorse qui évoque aussi les réseaux sociaux. « Sur Facebook, nous avons des groupes d’échange. Nous demandons des conseils, parfois photo à l’appui. L’isolement était peut-être vrai il y a 20 ans, mais ce n’est n’est plus du tout le cas. J’ai aussi des contacts avec mes anciens patrons et collègues…Et coiffer à domicile me permet aussi de m’occuper de personnes alitées ou en situation de handicap. C’est un aspect de la coiffure que j’ai découvert, très humain. » Fabienne Schmitt a aussi créé un groupe WhatsApp avec une vingtaine de coiffeuses à domicile de sa région, dans le Haut Rhin, près de Mulhouse. « Il y a beaucoup d’entraide, de bienveillance entre nous » souligne-t-elle.

Idée reçue n°2 : Des conditions de travail inconfortables

« Certes, nous ne sommes pas dans l’univers glamour des salons de coiffure, souligne Alexandra Gorse, mais nous avons tout le matériel nécessaire pour pouvoir pratiquer notre métier convenablement. J’ai deux bacs, un sur pied et un gonflable, et une petite douchette qui s’adapte à tous les robinets. Mes produits sont qualitatifs et j’ai même pu mettre en place un massage du cuir chevelu lors du shampoing » précise la jeune autoentrepreneuse. Toutefois, elle reconnaît que le matériel est un peu lourd à porter, parfois avec des étages à monter. Même constat pour Fabienne Schmitt. « Il existe plusieurs types de bacs, que l’on peut adapter au conduit de douche ou à la baignoire. Certains sont même pensés pour maintenir les cervicales. Et non, on ne laisse pas un domicile sale, avec des cheveux partout. Pour ma part, je dispose un sac autour de mon client que je referme à la fin de la prestation comme ça tous les cheveux sont réunis. Je travaille avec Sweo, Kust mais aussi Welova, qui propose des produits exclusifs à la coiffure à domicile, que nos clients ne retrouveront pas chez les distributeurs ! »



Idée reçue n° 3 : Beaucoup d’heures pour un petit salaire

« Comme un peu dans tous les domaines, celui qui veut gagner beaucoup d’argent fera beaucoup d’heures ! » explique Fabienne Schmitt, qui travaille entre 35 et 40 h par semaine pour gagner bien plus qu’un SMIC, et plus qu’un salarié en salon. « J’ai calculé mon prix de revient, à l’aide d’un tableau avec mes charges. J’applique de tarifs de inférieurs de 20 % au prix salon puisque je ne paie pas la TVA. En revanche, pour tout ce qui est technique, comme je paie la TVA, je m’aligne sur les prix salon » souligne celle qui a choisi de ne pas travailler les mercredis et samedis après-midi. « Grâce au statut autoentrepreneur, si je ne travaille pas, je ne paie pas de charge. Je pense que si on applique les bons tarifs, on peut très bien vivre en tant que coiffeur à domicile » relève Alexandra Gorse. « Il faut toutefois prévoir de trésorerie. Par exemple, pour l’assurance de la voiture, qui est aussi un outil de travail au quotidien. » Sur la question des heures, les coiffeuses sont unanimes : elles apprécient leur liberté. « Je module mes horaires et peux m’occuper de mon fils, ça n’a pas de prix ! Par exemple, quand j’ai un désistement, je peux rentrer chez moi. Je ne suis pas bloquée en salon » note Alexandra. Passent-elles du temps à recruter de nouveaux clients ? « Quand je me suis lancée il y a 11 ans, j’avais réussi à développer ma clientèle en un an ! Aujourd’hui, je suis aidée par la plateforme Wecasa. Les clients paient en direct et la plateforme me reverse les sous. »

Idée reçue n°4 : prendre des vacances est très compliqué !

Passionnée, Fabienne a toujours eu du mal à s’arrêter, même quand elle était en salon. « Mais je prends quand même des vacances, 3 semaines par an. Mais aussi, si j’ai besoin d’un jour ou deux, ça et là, je les prends ! » Débutante comme coiffeuse à domicile, Alexandra apprend de ses erreurs. « Certes, c’est plus compliqué de prendre des vacances. Quand un salon ferme, il ferme. J’ai fait l’erreur de ne pas couper mon téléphone et du coup, je n’ai pas réussi à décrocher totalement. Aux prochaines vacances, je m’organiserai mieux et je couperai le téléphone » précise-t-elle.

Idée reçue n°4 : maladie, chômage, retraite… Pas ou peu de cotisations !

Nos deux coiffeuses à domiciles s’accordent à dire qu’en effet, il est primordial de cotiser à côté du statut d’auto-entrepreneur. « Mais comme tout patron finalement ! S’il ne cotise pas à côté et qu’il tombe malade, il ne touchera pas grand-chose » rappelle Fabienne. Même constat pour la retraite. Toute deux, comme beaucoup de patrons et de salariés, ont choisi une retraite complémentaire pour assurer leurs arrières. Et quid du statut d’auto-entrepreneur si souvent décrié ? « Il m’a permis de démarrer sans trop prendre de risques » explique la trentenaire. « Mon but est de passer en TPE car, pour un prêt immobilier par exemple, le statut auto-entrepreneur est encore mal perçu. Mais il m’a permis de me lancer et je cotise comme n’importe quel corps de métier. A côté, il faut ouvrir un PER ou une assurance-vie. »

Pour rappel, selon les chiffres publiés par l’UNEC pour l’année 2020, sur les 85 192 établissements, 26 % exercent leur activité au domicile de leur clients, sous le statut de micro-entrepreneurs. Mais pas question de se livrer une guerre entre salon et domicile… Tous les coiffeurs, où qu’ils exercent, sont guidés par la même passion, celle de la coiffure et de la beauté.

« Il est important de remettre les choses en place. La coiffure à domicile telle qu’elle existe aujourd’hui a une approche moderne, ancrée dans l’actualité et dans la réalité. Elle a su même devancer les évolutions de la société. Les coiffeurs à domicile sont mobiles, ils ont du matériel adapté à leur quotidien, facilement transportables, et des produits de qualité. Bien souvent, ils manient l’art des réseaux sociaux comme personne, ils ne sont pas isolés et partagent, régulièrement, avec d’autres professionnels. Ce sont des gens dégourdis et autonomes, qui offrent ce service en plus à leurs clients, celui de se déplacer chez eux pour les coiffer » précise-t-il.

– Stéphane Davo, co-fondateur de Weelova

Crédit photo : www.ciseauxcoiffure.fr



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