Rencontre de Walter Armanno, la relève de l’avant-garde

Taille du texte: A A A

Coiffeur studio en jour off et top stylist chez Toni&Guy, il a su faire sa place chez les plus grands de la coiffure. Ambitieux tout en restant plein d’humilité, il se fait un nom dans la coiffure avant-garde. Il a été récompensé aux Hairdressing Awards 2011, dans la catégorie « Avant-Garde ».

Il a de quoi rendre jaloux, Walter Armanno. En voilà un qui a trouvé son chemin et s’en émerveille à chaque pas. L’Italien plein d’idées ambitionnait d’être scientifique, le voilà top stylist chez Toni&Guy et coiffeur studio en solo. Il a fallu ramer et rêver pour en arriver là.

Né à Cassino, petite ville du Latium, entre Rome et Naples, Walter est arrivé en France à 20 ans avec l’idée de poursuivre des études à l’université. « Je n’avais pas un niveau suffisant de français pour m’inscrire à la fac, donc j’ai d’abord passé un an à prendre des cours de langue
à l’Alliance française. »

C’est sur les conseils insistants de sa soeur et de son beau-frère qu’il décide de s’essayer à la coiffure pendant une semaine, dans un salon de banlieue. « Depuis mes 14 ans, je coiffais ma soeur et mes amis le samedi soir avant d’aller en boîte, mais je ne croyais pas du tout à ce métier, cela ne faisait pas partie de ma culture familiale.»

En une semaine, il y prend goût, au point de renouveler l’expérience et de finalement s’inscrire en CAP de coiffure à Saint-Maur (94). « J’étais bien plus âgé que les autres et cela m’inquiétait, mais finalement c’est devenu une motivation pour aller vite ! En une semaine, le salon Y m’a embauché en alternance, je n’y croyais pas ! »

C’est là qu’il rencontre Alexandre Pattein, qui devient vite son mentor. « Quel bonheur ! Je n’étais qu’un simple apprenti, mais j’étais ébloui. » Pas question pour lui de rester assis dans un coin, Walter n’hésite pas à fréquenter les pros les plus en pointe de l’époque.

Toni&Guy, la révélation

Au MCB, il découvre Toni&Guy à l’occasion d’une battle sur un ring de boxe. « Je me suis demandé qui étaient ces malades ! Et puis j’ai regardé leurs visuels et j’ai trouvé ça génial. C’est devenu un rêve pour moi. Je suis fan de leurs techniques, de leur concept, de leurs images… » Le rêve est vite devenu réalité…

À peine son BP en poche, Walter a fait ses classes chez Toni&Guy, à la suite de sa rencontre avec Patrick Lagré. « Cette enseigne correspond pleinement à mon style, j’ai besoin de jouer avec la matière, de m’amuser. Toni&Guy est une usine à guerriers, c’est une expérience qui permet de tester tes limites en coupe, en géométrie, en avant-garde, en édito… C’est dur car il faut être à 200 %, mais ça motive. »

Pas question pour autant de se reposer sur ses lauriers. Walter participe chaque année aux Hairdressing Awards. « Ce concours est vraiment génial, il permet d’évoluer, de se frotter à la photo… » Walter s’imagine ouvrir un salon un jour…

Le conseil de Walter Armanno

« Si je n’arrive pas à faire ce que je veux sur mes clientes, je ne suis ni satisfait ni enthousiaste, même si la cliente est contente et revient au salon. Je tiens surtout à fidéliser les clients avec lesquels je peux vraiment m’amuser et travailler des techniques ou des géométries sympas.

Ce n’est pas très commercial comme conseil, mais se faire plaisir et faire plaisir en même temps, c’est la plus grande satisfaction ! La coiffure doit devenir un hobby, la passion n’est pas suffi sante ! »

L’avant-garde selon Walter Armanno

Que signifie pour vous l’avant-garde ?

C’est la coiffure du futur, quelque chose qu’on ne voit pas encore dans la rue mais qu’on verra peut-être demain. Ce n’est pas seulement une expression, c’est aussi une vision.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

En général, j’exprime mon état d’esprit du moment à travers mes créations. Je me nourris de l’architecture, de la mode, mais sans chercher à retranscrire ce que je vois dans d’autres disciplines à travers les cheveux. Je regarde beaucoup ce qui se faisait dans le passé afin de remixer les styles et de les adapter à notre époque.

Comment créez-vous vos collections ?

Je choisis un thème que je travaille toute l’année en profondeur, avec des sous-titres plus spécifiques pour chaque collection. Cette année, c’est la religion. Cela a donné naissance à White Birth (voir page suivante) ainsi qu’à Prière, la série que j’ai présentée aux Hairdressing Awards cette année, dans la catégorie Avant-Garde.

Pouvez-vous nous parler de la série Prière ?

J’ai donné naissance à cette collection pour rendre hommage à mon père, que j’ai perdu récemment. J’en profi te aussi pour faire un clin d’oeil à Alexander McQueen. Cela explique qu’il y ait des croix.

Ce qui m’importait le plus, ce n’était pas vraiment les cheveux, mais l’expression du visage. Ma photographe, Paulie, et ma styliste, Meddlyne Di Mino, l’ont bien compris. Je tiens au travail en équipe et cette série a vu le jour aussi notamment grâce au soutien et à la collaboration d’Elodie Hue.

Quels sont vos projets du moment ?

Je viens de préparer ma nouvelle série, qui s’appelle « Dévotion ». Elle sera davantage axée sur la coupe et la couleur, mais je n’en dis pas plus !

En savoir plus sur Walter

Le frisson

Impossible pour lui de s’imaginer dire à une cliente « Alors, qu’est-ce qu’on fait aujourd’hui. ? » Ne lui parlez pas de routine, lui cherche le frisson propre à la création. Tout en admirant ses aînés, il n’a jamais cessé de se demander ce qu’il pourrait apporter de nouveau au monde de la coiffure.

Il confie ne profi ter que rarement du moment présent et se tourner toujours vers le futur. Pas étonnant qu’il se tourne vers l’avant-garde ! Pour lui, la coiffure est un accessoire d’ornement, que l’on peut changer selon les envies et les occasions, à composer comme un puzzle.

Philosophie

Quand il s’engage dans quelque chose, il est à fond, « parole d’Italien ! » De son propre aveu, il n’a pas de vie en dehors de la coiffure, pas le temps !

Mais il se dévoue à sa carrière avec philosophie : « Il y a un temps pour tout ». À chacun de ses anniversaires, il aime à penser qu’il ne prend pas de l’âge, mais devient tout simplement plus sage.

  • Une musique : David Bowie, il est un peu comme moi, dans le même état d’esprit. Ma chanson favorite ? Rebel Rebel !
  • Un film : Ink, un film de science-fiction réalisé avec très peu de moyens, que je conseille à tout le monde. Regardez au moins le trailer, avec les hautparleurs à fond : la bande son est géniale !
  • Un accessoire : Mon iPhone 4. Parfois, je voudrais le jeter par terre, mais j’ai toute ma vie dedans. Je prends tout le temps des photos avec.
  • Un parfum : Wood, de la marque DSquared2. Je ne le trouve pas en France, donc je ne le porte pas tous les jours, mais c’est un parfum qui t’emporte dans un autre monde ! Il me met dans un drôle d’état.
  • Un créateur : Alexander McQueen : il reste dans le coeur de plein de créateurs. C’est un visionnaire, un révolutionnaire. Il nous manque. Je suis très sensible aussi au personnage d’Isabella Blow et à ses chapeaux.
  • Un cadeau à m’offrir : Les books Déconstruction et Zéro Zéro de Toni&Guy. Je ne les trouve pas et je les recherche pour terminer ma collection privée.
  • Un petit plaisir : Mon chien, Tom. C’est un setter anglais noir et blanc que mon père m’a offert juste avant de mourir… Il était éleveur de ce type de chiens de chasse, j’ai grandi avec ces animaux.
  • Une bonne adresse : Le 114, rue Oberkampf, à Paris, un bar resto super sympa, où il y a une « pure ambiance ». J’ai coiffé des musiciens là-bas récemment.
  • Un rêve : Faire baisser la TVA des coiffeurs comme celle de restaurateurs !