Les coiffeurs dans la rue le 30 juin : entre colère et mobilisation pour défendre la profession

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Le 30 juin 2025, les professionnels de la coiffure battront le pavé. À l’appel de l’Union nationale des entreprises de coiffure (Unec) lors de la conférence de presse organisée ce lundi 2 juin à Paris en présence de son président, Christophe Doré, et de son vice-président, Laurent Melin, le rendez-vous est fixé place de la Bastille à Paris à 14h. Derrière les banderoles et les mots d’ordre — « NON à la concurrence déloyale, OUI à la baisse des charges » — se cache une profonde inquiétude : celle d’une profession en perte de repères, menacée par une dérégulation rampante et une pression économique toujours plus forte.

Une profession en mutation forcée

Le secteur de la coiffure n’échappe pas aux secousses économiques de ces dernières années. Si le métier continue de séduire avec 109 306 établissements recensés fin 2022, soit une hausse de + 7 % en un an, cette dynamique cache une transformation brutale : les emplois salariés reculent de 2 %, pendant que les micro-entrepreneurs progressent de + 4,8 %. Le modèle traditionnel du salon avec salariés s’efface au profit de structures plus précaires.

Face à une inflation galopante, des charges sociales jugées intenables, et une multiplication des contraintes administratives (affichage des prix, RGPD, accessibilité, registre des métiers, etc.), nombre de professionnels tirent la sonnette d’alarme. Mais au-delà des chiffres, c’est l’identité même du métier qui semble remise en question.

Laurent Melin et Christophe Doré

Une concurrence de plus en plus incontrôlable

L’Unec pointe une série de dérives qui grèvent la rentabilité des salons respectueux du cadre légal : installations illégales, tarifs volontairement bas, dissimulation d’activité, absence de médecine du travail ou du document unique, ouvertures hors horaires autorisés, non affichage des tarifs, cumul irrégulier d’emploi…

Si le phénomène n’est pas nouveau, il s’amplifie dans un contexte où les contrôles promis par l’État restent largement insuffisants, malgré les engagements pris lors de réformes récentes.
Selon l’Unec, cette politique de laisser-faire s’apparente à un abandon progressif de la profession, soumise à une forme de libéralisme mal encadré. Un appel est donc lancé pour des contrôles ciblés et efficaces, et un traitement équitable entre professionnels, quelle que soit leur structure.

La qualification professionnelle, pierre angulaire fragilisée

C’est peut-être là que le bât blesse le plus. Depuis 1946, l’exercice du métier de coiffeur était strictement encadré : un Brevet professionnel (BP) ou un Brevet de maîtrise (BM) était exigé pour ouvrir un salon. Une garantie de compétence, de sécurité et de qualité. Mais depuis juillet 2023, un virage important a été amorcé.

Désormais, il est possible de s’installer en salon sans diplôme, à condition de justifier de trois années d’expérience sur le territoire français ou européen. Ce changement résulte d’une décision du Conseil d’État, estimant que l’exception française portait atteinte au droit communautaire, notamment en matière de liberté d’établissement.
Si l’objectif était d’harmoniser les règles au niveau européen, la conséquence en France est perçue comme une disqualification progressive du métier. Sans remettre en cause l’expérience, cette réforme introduit tout de même une rupture d’égalité. « Pourquoi continuer à former les 26 000 apprentis à des diplômes exigeants si l’accès au métier ne les requiert plus ? », précise le président de l’Unec. Dans les faits, cette évolution facilite l’installation d’acteurs sans formation formelle, notamment dans le cadre de la micro-entreprise, et alimente la prolifération de structures informelles ou aux pratiques discutables. L’État s’était engagé en 2023 à intensifier les contrôles en contrepartie de cette réforme. Mais les résultats se font considérablement attendre, et les professionnels ressentent un profond désengagement des autorités. « Il faut que l’État inflige plus de contrôles pour lutter contre cette concurrence déloyale. Et pour protéger cette profession mis à mal, nous nous sommes portés partie civile », ajoute Christophe Doré.

Le 30 juin : un signal fort pour l’avenir de la coiffure

C’est donc dans ce contexte tendu que la profession décide de faire entendre sa voix. Forte de 13 Unions régionales, 96 syndicats départementaux, 185 salariés et 3 000 élus bénévoles, l’Unec invite tous les coiffeurs à se mobiliser.
Une pétition nationale a également été lancée pour appuyer le mouvement. Elle appelle à la reconnaissance du métier de coiffeur comme activité essentielle, à la revalorisation des compétences, à une TVA réduite pour les prestations, et à une véritable lutte contre les abus qui minent le secteur. « Nous voulons bien vivre notre métier, mais surtout vivre de notre métier », rappelle Christophe Doré.

Le 30 juin, la coiffure montrera qu’elle sait aussi hausser le ton quand son avenir est en jeu. Rappelons que la coiffure est aussi un pilier de l’artisanat, créatrice de lien humain, et actrice économique à part entière.

Pour signer la pétition en ligne, c’est ICI

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