Le visuel du MCB divise : la parole à Yohan Menzoyan, son auteur

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Depuis sa diffusion, début avril, le visuel du MCB by Beauté Sélection déchaîne les passions. « Trop simple », « Do It Yourself », « pas assez pro » ; « sortie du lit », « pas assez coiffé »… Les détracteurs dénoncent un manque de valorisation du métier. Certains appellent même au boycott du salon qui se tient du 12 au 14 octobre prochain à Paris, Porte de Versailles, dénonçant un certain amateurisme. Certes, chacun a le droit d’avoir son avis et le débat fait la richesse d’une communauté. Biblond a voulu donner la parole à Yohan Menzoyan, directeur artistique du visuel qui suscite toutes les critiques.

Bonjour Yohan, avant d’évoquer les réactions qui ont suivi la publication du visuel du MCB by Beauté Sélection, pourriez-vous nous expliquer comment avez-vous été missionné pour en prendre la direction artistique ?

Avant tout, il faut savoir que c’est moi qui ai sollicité l’équipe du MCB pour proposer mes services et créer les visuels, il y a 2 ou 3 ans. La place était déjà prise mais ils m’ont demandé un moodboard. J’imagine qu’ils en reçoivent plusieurs et choisissent celui qui leur parle le plus. Ils ont été emballés par mon idée et j’ai donc été choisi.

Quelle était votre ligne directrice ? Le message que vous vouliez faire passer ?

Je voulais faire quelque chose qui me ressemble. Je ne suis pas coiffeur studio, ni de concours. Je suis un coiffeur de salon. Je ne fais pas de chignons, ni d’avant-garde. Je crée des coiffures que les femmes peuvent porter dans la rue, dans lesquelles mes clientes se reconnaissent. Mais ma volonté était aussi de mettre en avant les différentes facettes des métiers d’artisanat qui font la beauté. Le MCB by BS est le rendez-vous des professionnels de la beauté, que ce soit la coiffure ou l’esthétique. J’ai donc décidé de créer non pas UN mais une dizaine de visuels pour valoriser ces gestes, comme les différentes étapes d’une mise en beauté – coupe, coloration, maquillage, mise en plis, décoiffage etc. Cette série est pensée comme un step by step visuel de la mise en beauté d’une femme d’aujourd’hui. J’ai même réalisé mon coiffage avec une mise en pli, comme pour dire aux jeunes qui en font en CAP qu’ils ne le font pas pour rien. Ma volonté est de booster la nouvelle génération.  

Avez-vous compris les critiques qui ne se sont pas faites attendre ?

J’ai fait le choix de prendre un modèle qui n’est pas un mannequin professionnel. En effet, il s’agit de ma chérie, qui est infirmière en réanimation militaire. Je voulais une femme dans laquelle nos clientes peuvent se reconnaître. Ensuite, la première photo qui a été divulguée est finalement la dernière étape, quand le coiffeur décoiffe un peu la coupe pour que ça n’ait pas l’air trop coiffé…

Il y a peut-être eu mauvaise compréhension du message…

 Cette année, la direction artistique était différente. Il y aura donc une dizaine de visuels pour mettre en avant l’artisanat du métier. Ces différentes étapes vont se succéder peu à peu. On a commencé par la DA avec le make-up, je me suis formé pour ça. Ceux qui iront au MCB verront la série des différents visuels en très grand tous réunis. C’est là que cela prendra tout son sens. Les visiteurs pourront suivre le parcours du step by step.

Que voulez-vous répondre à ceux qui ont rabaissé votre travail sur les réseaux sociaux ?

Cette situation révèle un conflit de générations. En effet, c’est sur Facebook, qui est plutôt le réseau des 35-49 ans, que l’on a le plus critiqué mon visuel. Cette audience, contrairement à celle d’Instagram qui est plus jeune, n’a pas compris mon message. Ce sont aussi des coiffeurs qui font de l’artistique. Je ne me permettrais jamais de critiquer leurs créations et même au contraire je les respecte pour leur talent. Toutefois, je leur dis « merci » ! Mon but dans la vie est de susciter des émotions. Même si les commentaires sont négatifs, ils parlent de mon travail. Et ils m’ont même fait gagner 5000 followers. Il y a toujours eu des gens qui critiquent la nouveauté. La différence, c’est qu’aujourd’hui, ils ont la parole sur les réseaux sociaux. Et moi j’adore. Je préfère que mon visuel fasse réagir, qu’il ne laisse pas indifférent.

Les jeunes ont aimé le visuel ?

Oui. Sur Instagram, qui est le réseau des 25-35, j’ai beaucoup de messages positifs. Et c’est tant mieux. C’est aux nouveaux coiffeurs que je m’adresse. Je veux leur donner envie de faire de la coiffure. L’avenir, c’est eux ! Pour moi, il y a un renouveau, une jeunesse qui arrive. Elle est passionnée par ce métier et elle va le pratiquer différemment.
Je réponds à tout le monde. J’adore aller au contact. Je reproche toutefois à certains de m’avoir descendu en flèche sans même m’avoir écrit en privé. Ils auraient pu être dans la bienveillance et me donner des conseils. Puisque quelque part, ils voulaient dire aux autres qu’ils auraient mieux fait.  

Et à ceux qui appellent au boycott du MCB by Beauté Sélection ?

Ce salon attire autour de 60 000 visiteurs sur les deux jours. Si 30 personnes râlent et boycottent, il restera toujours 60 000 visiteurs ! Pour ma part, j’ai créé quelque chose qui me ressemble. Et la direction du MCB by BS me soutient. Ils vont diffuser les différentes étapes de mon step by step petit à petit. Nous avons travaillé main dans la main en parfaite alchimie.

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