La parole à Daba Diokhané, fondatrice de Dioka, la plateforme des cheveux texturés

Taille du texte: A A A

Rendez-vous était pris le 4 mars à l’espace KEEZE à Paris pour un petit-déjeuner original autour du premier événement organisé par Daba Diokhané, fondatrice de la plateforme Dioka.

Au programme de Dioka Talks ?

Des échanges autour des enjeux sur les cheveux texturés en salon et un workshop orchestré par la pétillante Aïssata Dramé (@Boost_tes_cheveux), formatrice spécialisée dans les cheveux texturés et qui a réalisé, pour l’occasion, un très beau coiffage afro avec simplement de la laque et un peigne.

Également invitées à s’exprimer sur les cheveux bouclés, frisés et crépus ?

Kenza Bel Kenadil (@kenzaBlkn), activiste et créatrice de contenus, Stéphanie Bozonnet, présidente du Cercle des femmes de la coiffure et Caecilie Roussel, fondatrice du salon Peigne Ciseaux à Caen.

Après une carrière dans le marketing du luxe, chez Hermès et LVMH, Daba Dakhioné, en quête de sens a eu un déclic quand elle a enfin rencontré LE coiffeur qui a su prendre soin de ses cheveux. Elle a créé le label Dioka, qui répertorie les salons adaptés aux cheveux texturés puis la Dioka Academy pour accompagner les professionnels dans la maîtrise des techniques et des gestes spécifiques des cheveux ondulés, bouclés, frisés et crêpus. Un accompagnement à 360° qui nous a convaincus. Rencontre avec une entrepreneuse engagée.

Bonjour Daba, avant tout, pourriez-vous nous rappeler votre parcours ?

 « Après une école de commerce, j’ai travaillé dans la mode et le luxe, en marketing produits. Je créais des collections de maroquinerie avec des stylistes pour les défilés. J’ai démissionné en 2019. J’avais besoin de trouver un travail qui avait plus d’impact sur la société. Cela a coïncidé avec le moment où je suis revenue, capillairement parlant, au naturel, après avoir, plus jeune, défrisé mes cheveux. Cela a toujours été compliqué, pour moi, de trouver un salon, encore plus quand je suis revenue au naturel. Finalement, j’ai trouvé le bon coiffeur, celui qui m’a réconcilié avec mes cheveux et avec les salons de coiffure ! J’ai eu envie de partager les bonnes adresses, celles de coiffeurs passionnés qui se forment au-delà de nos frontières pour prendre soin des cheveux texturés. J’avais envie que d’autres femmes, qui comme moi avaient peur d’aller chez le coiffeur, puissent vivre ce que j’avais vécu. C’est comme ça que j’ai créé le label de qualité, Dioka, en 2020.!  »

Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est ce label ?

 « La plateforme Dioka répertorie, aujourd’hui, une trentaine de salons, un peu partout en France. Je visite chaque salon que nous labellisons. Puis, comme cela se fait dans les boutiques de luxe, nous envoyons une cliente mystère qui teste le salon et note tout : les prestations, les services, l’accueil, le conseil… Il ne s’agit pas de saquer un professionnel mais d’être dans une démarche d’amélioration. Les salons que je recommande sont de qualité et de confiance.! »



Aujourd’hui, la plateforme Dioka va plus loin. Il y a aussi la Dioka Academy… Pourquoi avoir développé cette partie dédiée aux professionnels ?

 « Avec les salons labelisés, j’ai réussi à créer toute une communauté autour de Dioka sur Instagram. Je recevais beaucoup de messages de femmes qui ne trouvaient pas d’adresses dans leur ville. C’est là que je me suis rendue compte que dans 90 % des cas, il n’y aucun salon pour accueillir une personne aux cheveux texturés. Un chiffre est parlant : sur les 102 000 salons en France, seule une petite centaine offre des services multicoiffures de qualité ! Cela paraît fou surtout si on estime qu’aujourd’hui, 45 % de la population a les cheveux frisés, bouclés ou crêpus et que ce chiffre devrait augmenter avec le métissage, on se dit qu’il y a urgence. J’ai donc lancé, en 2023, la Dioka Academy pour pouvoir former un maximum de coiffeurs partout en France.! »

Que promettez-vous aux salons qui veulent être formés ?

 « Pour la partie technique, je me suis entourée d’une équipe de coiffeuses expertes. Aïssata Dramé pour la coupe et le soin des cheveux crépus et frisés, Magali Bradshaw et Sarah Pavlovski pour les cheveux frisés et bouclés. Les stagiaires apprennent la coupe mais aussi des techniques de coiffage naturel. Pour ma part, je m’occupe de la partie expérience clients et réseaux sociaux. Car il ne suffit pas de se former aux techniques de coupe. Il faut aussi savoir communiquer autour de cette spécialité pour attirer la cliente. Je les accompagne sur la manière d’intégrer ces nouvelles prestations, les prix à appliquer, les marques à utiliser, la manière de communiquer sur les réseaux sociaux. Partager des coiffures bien exécutées sur Instagram est le meilleur outil qui soit pour attirer de nouvelles clientes, mais aussi les formations suivies, les produits utilisés, des conseils de pro… Nos formations se tiennent à Paris sur un ou deux jours et nous nous déplaçons aussi partout en France. »

Pourquoi encouragez-vous les coiffeurs à venir se former chez vous ?

 « Je pourrais mettre en avant l’aspect économique. Car pouvoir accueillir la clientèle aux cheveux texturés est forcément un levier de croissance pour le chiffre d’affaires. Mais je n’ai pas envie de mettre l’accent là-dessus. Les femmes aux cheveux frisés, bouclés ou crêpus, ont souvent été traumatisées, soit refusées des salons classiques, soit mal coiffées. Les coiffeurs doivent leur redonner confiance.

Ce qui est encourageant c’est que je reçois de plus en plus de demandes. De coiffeuses qui ont-elles-mêmes les cheveux texturés mais aussi de professionnels aux cheveux raides qui veulent maîriser de nouvelles techniques. Et ils ont raison ! Au-delà de fidéliser une nouvelle clientèle, c’est aussi donner un nouveau souffle à son métier, un nouveau dynamisme. »

Et qu’avez-vous à répondre à ceux qui pensent que c’est difficile de s’occuper des cheveux texturés ?

 « Ce n’est pas plus compliqué que de couper des cheveux raides. Les techniques sont différentes. Comme il existe plusieurs types de balayage, il y a plusieurs techniques de coupe. »

Pourquoi les cheveux texturés sont-ils un des enjeux de la coiffure de demain ?

 « Comme je le disais, dans une société de plus en plus métissée, les femmes auront de plus en plus les cheveux texturés. Mais aussi parce que l’heure est à l’inclusion. En 2024, tout le monde devrait pouvoir aller dans n’importe quel salon. Les coiffeurs doivent savoir prendre le train en marche ! Dans certains salons, les cheveux bouclés représentent 40 % du CA ! »

Ce qui est encourageant aussi, c’est le succès de votre événement, Dioka Talks. Quel était le but de cette rencontre ?

 « L’idée était de réunir les professionnels de la coiffure. Il y a peu d’espace où les coiffeurs peuvent échanger. J’ai constaté qu’il y a souvent de la rivalité entre eux. C’est pour ça que je voulais les réunir dans un autre contexte, afin qu’ils puissent échanger avec des experts. Cette première édition était axée sur les enjeux de la coiffure de demain autour du cheveu texturé. Nous étions complets en 3 jours ! Je pense que cela deviendra un rendez-vous annuel ou bi-annuel, sous un format plus grand. Avec plus de marques présentes et pour cette première édition, je tiens à remercier nos sponsors : Bouclème, Devance Cosmetiques et Aloe Locks et Curl Hibiscus. »

Le mot de la fin ?

 « Mon objectif premier est de revaloriser le métier. La coiffure est socialement peu reconnue. Je veux montrer que les coiffeurs sont des personnes modernes, passionnées, curieuses qui vivent avec leur temps. Ils se forment sans cesse et se battent pour intégrer toutes les femmes. »

Catégories: Actualités