La coiffure est une fête

Taille du texte: A A A

Les clients viennent de loin pour s’offrir les services des Brevi, une famille de coiffeurs dont la saga perdure depuis 1953. Zoom sur leurs salons où plusieurs générations partagent la même passion.

par Julie de los Rios

 

 

Chez les Brevi, c’est bien simple, tout le monde est coiffeur. L’aventure débute le 1er juin 1953, lorsque Émile et Ginette créent leur premier salon de coiffure dans le Rhône. Ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’ils écrivent les premières pages d’une longue saga familiale. Leurs trois enfants, Alain, Evelyne et Franck, prendront le relais, suivis à leur tour par leurs propres progénitures. Tous ont été contaminés par l’art « d’embellir les femmes » comme disait Émile, qui réalisait encore de superbes coupes huit jours avant sa mort. Un salon à Saint-Martin-en-Haut atteste de cette passion reçue en héritage. « Ma sœur, mon frère et moi avons été formés à la coupe par notre père. Notre mère était la spécialiste des chignons. Dès l’âge de 13 ans, on aidait aux shampooings pendant les vacances, avant d’entreprendre un apprentissage », se souvient Alain, qui travaille aujourd’hui avec son épouse et son fils dans une belle harmonie. En 1991, il épate ses parents en devenant Meilleur Ouvrier de France. « Pour la première fois, le concours était ouvert au public et ils ont pu y assister. Ce n’est pas ma personnalité d’avoir une multitude de salons, mais je voulais me dépasser et accéder au sommet de mon métier », poursuit Alain.

 

 

Accéder au sommet du métier

Outre la passion et les salons, que se transmet-on dans cette famille ? « La fidélité », rétorque Gérald, 34 ans, le fils d’Alain, qui a repris récemment la tête de l’affaire de Saint-Martin-en-Haut. Celui-ci est séduit par la créativité et le contact avec la clientèle. « Fidélité aux fournisseurs – nous travaillons avec Eugène Perma depuis soixante-cinq ans ! –, mais aussi fidélité des salariés – mon père a eu une équipe pendant trente-huit ans – et fidélité des clients – trois générations se sont succédé. » Alain surenchérit : « La touche Brevi, c’est aussi l’amour du métier, la gentillesse et la sympathie. Mon père, Émile, était très populaire. » Bien sûr, il y a la bonne réputation de coupeurs qui les suit. « Mon père a formé près de 70 % des coiffeurs des environs », souligne Gérald. Aujourd’hui encore, en famille, ils transmettent leur savoir-faire dans le cadre de formations. Mais quel est le secret de la réussite ?  « Il faut beaucoup d’écoute, de la tolérance, de la communication, mais aussi de la bonne humeur. Quand on vit de sa passion, travailler devient une fête ! Lors des repas, les conversations tournent toujours autour de la coiffure. Parfois, après le dessert, on allait se coiffer les uns les autres au salon », se souvient Alain. Mais pas question de se laisser emporter par la nostalgie. « Nous restons très dynamiques, à l’affût des innovations. Il ne faut pas se laisser devancer par l’air du temps, note Gérald. J’aimerais, à mon tour, former une jeunesse ultramotivée. Pour rester connecté, il faut savoir s’entourer de ses aînés, mais aussi de jeunes. Les premiers gèrent, les seconds apportent du dynamisme. »