Interview de Christophe Doré, premier vice-président de l’Unec

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« Aujourd’hui, la situation est particulièrement délicate, nous déclare Christophe Doré, premier vice-président de l’Union nationale des entreprises de coiffure (Unec). 100% des salons de coiffure sont en fermeture administrative, donc sans rentrée d’argent ! »

L’ouverture des salons le 11 mai prochain est-elle envisageable ?

Alors que les salons de coiffure sont fermés à la suite de la crise sanitaire du Covid-19, les charges continuent de tomber : loyer, crédit-bail, abonnements… Nous sommes dans une situation économique fortement fragilisée. Nous, à l’Unec, nous sommes prêts à ouvrir nos entreprises le 11 mai, mais nous attendons les directives. Dans cet objectif, nous avons conçu une fiche métier que nous avons partagée avec les syndicats de salariés, les partenaires sociaux… Nous l’avons adressée hier au gouvernement. Notre objectif est très clair : reprendre dans de bonnes conditions sanitaires pour pouvoir protéger les salariés, les chefs d’entreprise et, bien sûr, nos clients.

Dans quel objectif avez-vous élaboré cette fiche métier ?

Nous devons aussi, en plus de l’aspect sanitaire, nous préoccuper d’un autre axe essentiel, la perspective économique. Il est clair que, si demain on se retrouve dans des conditions trop restrictives pour pouvoir accueillir nos clients, si on nous limite trop le nombre de clients, si on nous impose trop de restrictions, économiquement cela ne sera pas tenable. C’est la raison pour laquelle nous avons créé cette fiche métier. J’ai demandé au gouvernement qu’il nous réponde le plus rapidement possible, en y incluant d’éventuels amendements qu’il jugerait nécessaires, afin que l’on puisse communiquer auprès des chefs d’entreprise et des salariés, là aussi le plus rapidement possible. Aujourd’hui, nous avons trois interlocuteurs : le ministère du Travail, le ministère de l’Économie, et également le ministère de la Santé qui, lui, étudie de près toutes les fiches métiers.

Quelles sont les propositions que vous adressez au gouvernement ?

Elles sont variées. Les plus classiques : les gants, le masque… Nous avons beaucoup réfléchi sur ce qui est « basique » dans notre métier. Mettre à disposition des magazines, proposer des boissons aux clientes, prise de vestiaire… Tous ces gestes qui faisaient partie au quotidien de notre métier, nous allons devoir les supprimer. Ce que nous demandons au gouvernement, c’est bien sûr de respecter la distanciation d’un mètre entre les clients, mais il est bien évident que cela ne peut s’appliquer entre le client et le coiffeur ! Dans ce magnifique métier qu’est le nôtre, la proximité avec le client est forte et il ne faudrait surtout pas que cela devienne une faiblesse pour notre profession. Il est nécessaire que l’on travaille dans les meilleures conditions afin de tous nous protéger.

Comment envisagez-vous l’avenir ?

Pendant longtemps, notre métier va être bouleversé par ce qui s’est passé. Nous allons être dans l’obligation de le voir autrement, de nous réorganiser… Aujourd’hui, la relation avec nos clients est privilégiée. Les gens disent le plus souvent : « Je vais voir mon coiffeur, ma coiffeuse. » Quand nous avons le plaisir d’accueillir des clients, on se serre la main, on s’embrasse… C’est un lien très personnel. Mais tout cela est bouleversé, en termes relationnels, notre quotidien ne sera plus le même. J’espère pour tous les coiffeurs que cette étape sera la plus courte possible, mais pour nous, après le Covid-19, plus rien ne sera comme avant. À cause de ce virus, nous avons eu l’immense tristesse de perdre notre président Bernard Stalter, notre emblématique président. Nous sommes bouleversés par sa disparition. Elle marque une grande page de l’histoire de la coiffure, une grande page de l’histoire de l’artisanat. La vie reprendra son cours, mais nous sommes marqués à jamais.

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