Coiffure et pole dance : la double vie de Loïc Magliano

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À 28 ans, ce Toulousain partage sa vie entre ses différentes passions, la coiffure et la danse.

La première fut une évidence. Aussi loin qu’il s’en souvienne, il a toujours voulu être coiffeur. C’est donc tout naturellement qu’il se lance, en sortant de la troisième, après des stages pour confirmer son choix, dans un apprentissage. CAP en un an à l’école privée ABC d’Hair, il entame son BP, en alternance dans un Coiff & Co puis dans le salon Aborigin, spécialisé dans la coloration végétale. À seulement 18 ans, il décide de s’associer à son ex-mari au sein du salon de coiffure L’autre Côté du Miroir, qui avait été créé en 2004 par ce dernier. En 2018, il ouvre ensuite son adresse, L’Âme en couleur, où il officie toujours. En parallèle, il se perfectionne en assistant des tournées artistiques chez Wella. Depuis sept ans, il travaille avec la marque Keune, dans un premier temps avec l’équipe artistique puis en tant que formateur free-lance.  Malgré un agenda bien chargé, il trouve aussi le temps de gérer son école de pole dance et projette même d’ouvrir bientôt un nouveau lieu pluridisciplinaire. Rencontre avec un artiste au parcours atypique et inspirant.



Pouvez-vous nous raconter le concept de votre salon, L’Âme en couleur ?

« Nous avons fait un choix atypique : proposer des prix assez bas. Pour cela, j’ai créé de la technique rapide et efficace visuellement. Chaque prestation est rapide à réaliser, ce qui permet de diminuer le prix de la prestation. J’ai eu l’idée de ces tarifs en deuxième année de BP. Je travaillais dans la coloration végétale et je voyais des clientes, qui, après un traitement de chimiothérapie, voulaient s’offrir une coloration saine. Le prix pouvait les freiner. Je trouvais cela injuste. Mais attention : le salon fonctionne bien, j’embauche mon cinquième collaborateur et j’ai trois mois d’attente sur mon agenda. J’ai fait le choix de créer un doux mélange entre le végétal et la chimie, une coloration raisonnée. C’est pour cela que je travaille avec Keune – notre salon sert de centre de formation – et Marcapar. »

Loïc Magliano
Loïc Magliano

Avec ce concept, quel type de clientes attirez-vous ?

« Elles ont entre 20 et 60 ans… Ma clientèle est très hétérogène. Au départ, nous avions plutôt des familles. Puis, avec nos techniques, nous avons attiré une clientèle plus jeune et branchée, notamment grâce aux réseaux sociaux où les filles se partagent les bons plans. Je fais aussi bien des ombrés avec patine ou des couleurs funky flashy, comme un rainbow hair, que des châtains classiques ou des balayages naturels. Ce qui plaît aussi à notre clientèle ? Nous les accueillons comme elles sont. Elles peuvent aussi bien être en quête d’identité qu’avoir une personnalité très marquée. »

Hairartist :Loïc Magliano

Vous trouvez aussi le temps de créer des collections… Pouvez-vous nous parler de la dernière, qui nous a tapé dans l’œil ?

« En effet, depuis trois ans, je crée mes collections. Celle-ci me tenait particulièrement à cœur. C’est pour cela que j’ai voulu la partager avec le plus grand nombre. C’est la première collection que je ne réalise pas en studio. Elle a nécessité quatre mois de travail en amont. Les modèles sont mes amies danseuses. On fait nos fittings quand elles dansent et on prend les photos. Pour l’occasion, j’avais loué un château. Les pièces ont permis de raconter des histoires différentes pour marquer des identités. Je veux que la cliente puisse s’identifier à au moins l’une d’entre elles. Il y a des looks colorés, d’autres nude. Cette collection a été créée en partenariat avec une fleuriste, Jun Flower. Mes amies maquilleuses Angélique Santamaria et Candice Soukhavong sont ultratalentueuses.  On travaille ensemble du moodboard au shooting. Les collections sont faites en liberté, je suis le fil conducteur mais il n’y a pas de résultat prédéfini. Nos univers s’imbriquent les uns dans les autres. J’aime ces expériences humaines de partage entre différents univers artistiques. C’est pour cela que mes modèles sont des danseuses. »

Hairartist : Loïc Magliano

En effet, vous êtes aussi danseur… Comment est née cette passion ?

« Un peu sans prévenir, à vrai dire. J’ai une amie qui est professionnelle de la pole dance et du cerceau aérien. Elle m’a proposé un cours d’essai. J’avais, plus jeune, fait un peu de classique, pour gagner un joli port de tête. J’avais envie de me lancer dans une activité physique. Après un coup d’essai, j’ai rencontré une école qui a changé ma vie, Pole Dance and Co. Surtout une personne, Céline Garbay. Quand elle danse, c’est dans l’émotion. Elle m’a appris à faire de la pole dance de manière fluide. Ne pas seulement être dans la démonstration technique mais aussi apprendre à danser et bouger avec la barre. Le Pole Flow, c’est quand on ne cherche pas à s’arrêter dans le mouvement. Une révélation pour moi ! Dans mon métier, je transmettais de la beauté. Désormais, je transmettais des émotions. »

Le coiffeur Loïc Magliano posant sur la barre de pole dance dans un préau
Loïc Magliano, artiste pluridisciplinaire

Le choc fût tel que vous avez décidé de vous professionnaliser…

« En effet, en 2019, j’ai suivi une formation pour devenir prof de Pole Dance. J’ai obtenu mon diplôme puis tout est allé très vite. Je suis devenu professeur un peu malgré moi, pour remplacer quelqu’un. Plus j’ai enseigné, et on m’a appelé pour des représentations, dans des cabarets par exemple ou pendant la Fashion Week de Toulouse où je suis aussi directeur artistique de la coiffure. Bref, j’ai évolué. Je me suis mis au cerceau aérien il y a un an et demi, et je prépare le championnat de France en catégorie semi-pro et artistique. En parallèle, j’ai ouvert Studio When I Pole, mon école de pole dance, burlesque et yoga aérien. À quelques pas du salon… Je ne m’ennuie pas ! Je suis passionné alors cela ne me demande aucun effort. »

Malgré cet emploi du temps chargé, vous avez des projets, n’est-ce-pas ?

« Oui ! J’ai décidé d’acheter une grande maison ou une ancienne ferme dans le secteur de Toulouse pour créer un lieu de 400 m2 autour de mes passions. Il y aura donc un salon de coiffure et une école de danse. Mais aussi, pourquoi pas, un studio et des espaces à louer pour des formations. Et pourquoi ne pas devenir une académie pour Keune ? Ce lieu sera le cadre idéal pour développer ma vision du bien-être physique via la coiffure et la danse. Je vous dévoile même en exclusivité le nom de mon concept. Il est né d’un jeu de mot un peu facile mais que j’adore, “Bipolehair”. J’ai toujours aimé mélanger les choses et surtout celles qui ne vont pas ensemble. »

Votre mantra pour l’avenir ?

« Vivre des choses intenses. Elles me permettent de créer, une collection ou une chorégraphie. Tout cela avec une équipe. J’aime faire évoluer tout un groupe autour d’une histoire. »