Rencontre avec Fabien Giambona, directeur artistique coiffure de la série Les Saisons de Nicolas Maury

Rencontre avec Fabien Giambona, coiffeur des célébrités !

Casting trois étoiles pour la série Les Saisons…

Le scénario est co-signé par Hélène Duchateau et Nicolas Maury – ce dernier, également acteur et réalisateur, partage l’affiche avec Stéphane Caillard, Lucas Bravo (le beau gosse d’Emily in Paris), Abraham Wapler, Géraldine Pailhas, Martine Chevalier et Marysole Fertard. Diffusée sur Arte ce 11 décembre à 21 h, cette romance en 4 épisodes de 52 mm a déjà conquis le jury du Festival de la Fiction de la Rochelle qui l’a distinguée d’une Mention Spéciale.

Le synopsis ?

A l’été 1991, dans une station balnéaire de la côté vendéenne, Camille, 15 ans, rencontre Martin et Alexandre sur la plage. L’un est solaire, l’autre taciturne… Tiraillée entre les deux garçons, elle va vivre avec eux une folle histoire d’amour sur plus de trente ans. Capturant quelques jours à dix ans d’intervalle, sur quatre saisons, la série montre comment leur relation est mise à l’épreuve du temps, des accidents de la vie, de la parentalité et de la folie du monde.

Immersion en coulisses d’une future série culte…

Habitué à coiffer les célébrités sur les plateaux et les shootings, Fabien Giambona a été convié par Nicolas Maury pour signer la direction artistique coiffure de cette série très attendue. Sponsorisé par Dessange Paris, il a relevé le défi, celui de créer les looks capillaires des acteurs, des années 90 à aujourd’hui, puisant dans les archives et dans ses propres souvenirs. Ses créations ont été ensuite retranscrites par le chef coiffeur, Téo Del’Frate, son assistante, Clémence et ses équipes. Biblond a voulu en savoir plus. Immersion en coulisses d’une future série culte…

Biblond : Comment est née cette collaboration ?

Fabien Giambona : J’ai rencontré Nicolas Maury au Festival du film des Arcs en 2020. Il était membre du jury et moi, j’y assure le rôle de chef coiffeur depuis 7 ans. Depuis, je le suis un peu partout sur ses projets d’acteur et réalisateur. Nous avons une collaboration sur la partie « image », quand il fait une apparition publique par exemple, dans la mode ou le cinéma. Très naturellement, on s’est bien entendu et amusé sur ses looks. Il me fait confiance. J’avais créé aussi sa coiffure pour l’adaptation au théâtre de Phèdre, dans lequel il interprétait le personnage féminin, Œnone. A ce moment-là, et suite au succès, il m’avait dit que quand il réaliserait sa série, il voulait me confier la DA. Je n’avais jamais travaillé dans le cinéma ! Et pourtant, quand il s’est lancé dans Les Saisons, il a tenu promesse…

Qu’est-ce qui vous a plu dans ce projet ?

Les Saisons, c’est un triangle amoureux que se déroule des années 90 à aujourd’hui. Ça a résonné en moi, qui ai grandi dans les années 1990-2000. J’ai plongé dans le passé. Les looks capillaires et vestimentaires, les chanteurs et artistes de l’époque… Tout cela me parlait ! J’ai d’ailleurs débuté la coiffure en 1996. Cela m’a rappelé des souvenirs de ma propre vie. C’est aussi une période que j’adore ! Pour sa pop culture, son style et ses coiffures.

Vous avez donc assuré la direction artistique coiffure… Quelles étaient les difficultés ?

Ce sont des personnages évolutifs, qui vont vieillir à travers ces époques. J’ai du imaginer des looks, qui devaient aussi répondre aux attentes de Nicolas Maury et de la co-autrice, Hélène Duchateau. Il fallait me calquer à ce qu’ils avaient imaginé et proposer ma vision de ces personnages, leur style, leur image, ce qu’ils doivent dégager. Il fallait travailler en symbiose sur la tendance de ces époques, sans oublier que certains personnages sont Parisiens et d’autres Provinciaux. C’était très touchant. Certains sont des gens très bruts, liés à l’océan. Il fallait se rapprocher de leur univers. Ils sont des clichés de l’époque, par leur couleur de cheveux, leur attitude, leurs accessoires…

Techniquement, quels étaient les challenges ?

Il a fallu travailler la coloration pour faire vieillir les personnages qui ont les cheveux plus ou moins longs, plus ou moins gris selon les périodes. On part des années 90, période grunge avec des longs oxydés, donc travaillés avec balayage. Un des acteurs était déjà sur un autre tournage avec une coupe particulière donc on a du utiliser des perruques pour s’approcher au mieux de ce qu’on voulait.

Vous avez aussi beaucoup travaillé sur perruque. Etes-vous satisfait du résultat ?

Oui. Je voulais que le rendu soit ultra-naturel, notamment sur les hommes. C’est pour cela que j’ai collaboré avec Hanna Cohen (H-Wigs) avec qui je travaille depuis des années pour des images de mode. Souvent, au cinéma, je trouve que le résultat fait trop faux, et le personnage perd de son charme. Grâce au travail avec la perruquière, certains looks sont bluffants, particulièrement sur le vieillissement des cheveux. Le cheveu doit avoir vécu. Une des comédiennes a plus de 80 ans et elle porte des cheveux longs et blancs. Cela coûte très cher de réaliser une telle perruque mais le résultat en valait la peine.

Quel look vous rend le plus fier ?

Il y a ce comédien noir qui joue un gay dans la série. Il me semblait que dans les années 90, les gens étaient plus exubérants, particulièrement la communauté gay noire. Je voulais que ce soit un personnage, haut en couleur, qui ose. Nicolas était réticent, la productrice Carole Lambert aussi. Ils avaient peur qu’il dénote. Ils l’imaginaient un peu décalé mais pas flamboyant. Pour moi, et bien que ce personnage ait une grande sensibilité, il fallait qu’on joue avec ses cheveux. J’ai proposé une coloration rouge. Finalement, sur la scène du mariage, ce look extravagant fonctionne super bien. J’étais content qu’on me laisse aller jusqu’au bout de mon idée.

Que gardez-vous de cette expérience ?

Une grande fierté ! Je remercie Nicolas de m’avoir fait confiance. C’était osé de confier la direction artistique à quelqu’un qui n’a jamais fait de cinéma.  Ce fut une très belle expérience ! Je n’avais pas les codes, j’ai dû m’éduquer. Cela m’a permis de rencontrer des producteurs, des comédiens, les équipes techniques des plateaux. Cela vient enrichir mon parcours. J’ai aimé avoir cette vision à 360°, comprendre la mécanique et l’importance d’un DA sur un projet télé ou ciné. Il agit comme un chef d’orchestre, c’est lui qui met tout le monde d’accord.

Envie de renouveler l’exercice ?

Ça m’a beaucoup plu et challengé ! J’ai aimé le travail d’équipe. Partager autour d’un projet commun. Mon nom sera au générique en tant que directeur artistique, ce qui prouve le respect de mon travail. Ça va être émouvant pour moi de voir le résultat monté. J’espère que Nicolas ou d’autres me feront confiance à l’avenir. La série a reçu un prix au Festival de la Fiction de la Rochelle. Elle a été rachetée par HBO Max, ce qui est un vrai gage de qualité. C’est assez extraordinaire pour un premier projet.