Vis ma vie de modèle « coiffure »

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Coiffeurs, coloristes, formateurs, directeurs artistiques s’expriment souvent dans les pages comme sur le site de Biblond. Mais le monde de la coiffure, c’est aussi de nombreux autres métiers dont on parle moins. Pourtant leur rôle est tout aussi important pour le bon fonctionnement de la profession. Nous avons voulu donner la parole à ces acteurs de l’ombre pour mieux les connaitre. Ils nous racontent leur parcours, leur quotidien, les enjeux de leur métier ou les problématiques rencontrées. Notre série « Vis ma vie de…. » se poursuit aujourd’hui avec 3 modèles « coiffure », aux parcours bien différents. Anaïs, Emilie et Marco confient leur cheveux (et la barbe pour l’un) aux coiffeurs, sur scène ou en studio.

Anaïs Dotez, 28 ans, le caméléon capillaire

Si elle travaille depuis 4 ans dans le prêt-à-porter, Anaïs est un caméléon capillaire depuis une dizaine d’années. « J’ai commencé avec Céline Antunes et Aurélien Bru, en 2012, sur scène pour un show à Toulouse » se souvient celle qui a aussi participé à des défilés de mode. Elue Miss Grenade en 2011 et Miss Toulouse 2012, elle fait son premier shooting pour la collection du coiffeur Bruno Flaujac.

Effet boule de neige, elle est par la suite sollicitée de toutes parts. « Cela m’a fait connaitre dans le milieu. Schwarzkopf, Jean Claude Aubry, Raphaël Perrier, Eugène Perma, Wella, L’Oréal… Ils m’ont tous appelée pour participer à des shows. » Il faut dire que si elle est très belle, Anaïs ne recule devant rien. « Quand j’ai commencé, j’avais les cheveux très longs. Alors je rechignais dès qu’on me coupait 1 cm ! Puis il y a eu un premier carré plongeant… » Ce cap passé, la jeune femme était prête à se jeter à l’eau. « J’ai été modèle pendant de nombreuses années pour Saco, connu pour ses coiffures extrêmes ! Mon premier look était très look, orange et fuchsia ! Stéphane Amaru m’avait fait, juste avant, une coupe au bol. J’étais prête » plaisante-elle. « Je donne carte blanche. C’est pour cela que les coiffeurs apprécient de travailler avec moi ! » précise-t-elle. Maman, elle se fiche un peu du regard des autres. « Tant que mes enfants me reconnaissent, cela me va ! »



Dernière scène en date ? « Au MCB cette année, Céline Antunes m’a fait un blond polaire puis Aurélien m’a coupé les cheveux sur scène. » Mais quel regard porte son entourage sur cette vie de caméléon ? « Au début, ils étaient choqués. Maintenant, ils le prennent à la rigolade. A une époque, je changeais de coupe et de couleur toutes les deux semaines ! » Outre cette fantaisie, qu’est-ce qui lui plait dans cette activité ? « Cela me permet de voyager. J’ai le statut d’autorentrepreneur pour cela. Les marques ou les coiffeurs prennent en charge le logement et les déplacements » Autres avantages selon elle ? « Je sais que j’ai beaucoup de chance de passer entre les mains des plus grands coiffeurs. »

Depuis 10 ans, elle retrouve avec joie le microcosme de la coiffure au gré des salons et des collections. « C’est comme une seconde famille. Nous nous amusons beaucoup, même s’il y a beaucoup de travail et de fatigue. Etre modèle m’a permis de rencontrer de belles personnes, passionnées. Quand je devrais arrêter, cela sera difficile pour moi. Je l’ai d’ailleurs déjà constaté lors de mes congés maternité. Ce n’est pas donné à tout le monde de partir en week-end et de se faire chouchouter pour faire des photos ou monter sur scène. Je me sens chanceuse de vivre ça ! » Pas blasée du tout, notre jolie Anaïs !

« Avant de monter sur scène, j’ai toujours la boule au ventre. L’adrénaline monte. Il faut assurer une chorégraphique, rester immobile pendant le show. Une fois que j’y suis, je reste dans ma bulle et selon le thème, je me mets dans la peau de mon personnage. Eblouie par les lumières, je ne vois pas le public. Finalement, tout est tellement magique que je suis frustrée car cela me parait trop court ! C’est comme vivre un rêve d’enfant. L’idée est de faire sa belle » plaisante celle qui se dit ensuite touchée par les applaudissements. « Ils gratifient le travail d’une équipe. »

Conclusion ? « Tout cela est difficile à décrire. C’est magique. Nous en prenons plein les yeux. J’ai l’impression de retrouver mes 15 ans et je ne m’en lasse pas… Je suis toujours en attente du prochain ! Quand je serai trop vieille et que tout cela me manquera, je me plongerai dans ces souvenirs qui resteront gravés à jamais dans ma mémoire. »

Marco M, 56 ans, le chouchou des barbiers

Originaire de Pau, Marco est devenu une figure dans le milieu des barbiers. Tout commence par une rencontre. « A l’époque, j’allais jusqu’à Bayonne pour me faire tailler la barbe. A Pau, je ne trouvais aucun salon qui m’attirait. Ma barbière avait l’habitude de proposer ses prestations dans un bar. Je me suis dit qu’il y avait moyen de d’organiser des soirées de barbus à Pau. En cherchant des gens motivés sur les réseaux sociaux, un ami m’a mis en relation avec Thierry Bordenave. » Ni une, ni deux, voilà que le duo organise la fameuse soirée.

« De petit événement d’une quarantaine de personnes qu’on pensait réunir, nous avons vu quelques 400 barbus et amis venir ! » se souvient-il. Un succès, donc ! Quand en 2016, Thierry Bordenave le convie à la première édition du Barber’s Meeting à Montpellier, pour l’accompagner en tant que modèle, Marco n’hésite pas une seconde. « J’étais devenu son client et je connaissais la qualité de son travail. »

De fil en aiguille, le voici qu’il se retrouve engagé dans sa première vraie campagne, celle de la collection Vintage de Mens Sories. « C’était l’époque des hipsters. Beaucoup de modèles avaient un peu le même profil. Même barbe brune, cheveux longs tirés en arrière, chemise bucheron. J’étais bien plus âgé que les autres, cheveux et barbe grisonnants, style plus classique. J’étais plus réservé aussi et je crois que ça a attiré l’attention. Cette collection m’a propulsé dans les média et dans le milieu des barbiers » souligne-t-il.

Après cela, le voici qui enchaine les shows, avec Thierry Bordenave et Les Hommes ont la Classe mais aussi pour Keune, Geoffrey Kvot, Erwann Palumbo… « Récemment, j’ai travaillé pour Men’s Beard, j’ai participé au catalogue 2022 et pour Intercoiffure. Ma dernière prestation, c’était au MCB avec l’ambassade du barbier et Jacques Seban » précise celui qui, dans la vraie vie, est technicien logistique-approvisionneur pour un laboratoire pharmaceutique.

Mais comment jongle-t-il alors avec ses différentes casquettes ? « J’ai la chance d’avoir un travail où je dispose de pas mal de RTT. J’ai des responsables qui connaissent mon activité de modèle. Dès le départ, mes collègues ont été ravis. Je leur partage mes aventures. J’arrive à tout joindre ! » Mais qu’est-ce qui lui plait dans cet univers de shows et des shootings ? « J’aime l’atmosphère et l’ambiance des shows. Le stress avant. J’ai pratiqué le théâtre quand j’étais jeune puis j’ai fait un peu de photo à l’âge de 20 ans donc je connaissais un peu. J’aime la relation qu’on a avec les barbiers. Il y a des échanges humains que je n’ai pas trouvé ailleurs… Même pas dans le sport que je pratique. »

«Aujourd’hui, cela fait 6 ans que je suis dans le métier. J’aime briefer et rassurer les jeunes. » Autre attrait ? « L’adrénaline des shows. C’est intense ! On a beaucoup de plaisir ensuite à se retrouver au gré des événements. J’ai la chance d’être un modèle privilégié. Je connais beaucoup de coiffeurs très talentueux. C’est une grande famille. Même si je suis lucide et que tout ne doit pas être rose, les relations sont plutôt agréables et cordiales. »

Mais quel regard porte-t-il sur le métier de barbier ? « J’ai l’impression que les coiffeurs sont de plus en plus passionnés. Ils font leur métier avec envie et plaisir. Comme les clients ne viennent plus les voir par hygiène mais pour affirmer un style, le métier est plus intéressant pour eux aujourd’hui qu’il y a 10 ans. Ils soignent leur salon, la décoration pour créer un lieu agréable. Ils ont réussi à valoriser leur savoir-faire. Ce ne sont pas de simples coupeurs de poils. Ils se font plaisir et nous font plaisir ! » Et sa vie de modèle, qu’inspire-t-elle aux autres ? « Les gens réagissent bien. Je ne me prends pas du tout la tête pas rapport à tout ça. Il faut relativiser. Il m’arrive qu’on interpelle dans la rue mais c’est toujours avec bienveillance. Les gens sont curieux de cet univers. Les coulisses, la scène… Il y a un boulot de dingue derrière pour un show de 30 minutes » précise-t-il.

Mais de quoi est-il le plus fier finalement dans cette activité ? « Je suis heureux que des hommes de mon âge se reconnaissent à travers moi. Je ne suis pas tout jeune. Si je peux motiver ceux qui ont mon âge à prendre soin d’eux et à ne pas se laisser aller, ça me fait plaisir. Leur dire qu’on peut encore plaire et se plaire… même après 50 ans ! Le corps ne fait pas tout. Mais l’épanouissement personnel passe aussi par la forme physique pour pouvoir profiter tous les jours. Car à chaque instant, tout peut basculer » conclut Marco.

Emilie Cayuela, 33 ans, la bonne copine sur scène

Modèle depuis l’âge de 16 ans, cette jeune femme originaire de Six-Fours-les-Plages est recrutée par deux agences en Asie à l’âge 22 ans. « J’ai travaillé à Hong Kong pendant 5 ans avant de rentrer à Paris où je me suis installée en 2018. » Si elle reste dans le mannequinat, Emilie est devenue en parallèle photographe de scène. « Je suis passée de l’autre côté de l’objectif. Je shoote des humoristes avant, pendant et après leur show. J’ai tout appris en autodidacte » précise-t-elle.

Mais quel rapport avec la coiffure, vous direz nous ? « J’étais très proche de la team de The Hairdresser, le salon de Sanary, dans le Sud. Ils m’ont invitée au CBM à Marseille en 2019. Je les ai vus travailler, prendre du plaisir et s’éclater ! A partir de là, j’ai commencé à travailler pour l’équipe, pour The Hairdresser donc mais aussi pour Mashiro dont Yohan Menzoyan gère la direction artistique. J’ai toujours aimé son univers. Les tendances qu’il lance ! Je suis fan de son travail » précise-t-elle.

Mais comment vit-elle cette aventure ? « Avec eux, c’est vraiment à la cool ! C’est comme travailler avec des potes. On rigole tout le temps. En backstage, par exemple, en général, les modèles restent pendant des heures sans bouger. Avec eux, c’est rapide… Que du fun ! » précise-t-elle. Il faut dire que Yohan Menzoyan et Emile Cavuela sont devenus amis au fil du temps. « Je l’ai connu j’étais mannequin et il était mon coiffeur sur un shooting. Une semaine plus tard, je partais à Marrakech pour la marque de maillot Banana Moon. Quand la coiffeuse prévue est tombée malade, j’ai tout de suite parlé de Yohan avec qui j’avais eu un bon contact. » Dès lors, le duo ne se quitte plus. « Je lui fais totalement confiance ! Et même si je ne suis pas prête à couper mes cheveux – on utilise des perruques sur les shows -, je les lui confierais les yeux fermés si je voulais passer au court. »

Sa dernière prestation ? « Au MCB, il a réalisé un carré plongeant. A un moment, il me coupait les cheveux, face à moi. On a été émus de vivre ce moment-là tous les deux. On a repensé à notre amitié pendant toutes ces années. Je crois qu’on était fiers l’un de l’autre, d’être ensemble. » Mais au-delà de ces moments de partage intense, qu’est-ce qui lui plait dans les shows ? « Quand on est derrière le rideau, 5 minutes avant d’entrer sur scène, on se met dans l’ambiance avec de la musique. On fait monter la pression entre nous. Pour le plaisir ! Dans le public, ils sont nombreux. Cela fait grimper l’adrénaline. C’est cool à vivre ! En tant que mannequin, cela me permet de sortir de ma zone de confort. Selon le thème décidé par Yohan, on entre dans la peau du personnage. Au MCB, c’était un univers très street, urbain, rap US. Donc il fallait se la jouer un peu badass. »

Et quels sont ses projets aujourd’hui ? Si elle remontera sur scène très prochainement avec l’équipe de Yohan, elle est aussi dans une volonté de reconversion. « J’aimerais m’orienter dans la programmation d’humoristes sur les scènes parisiennes. J’ai réussi à me créer mon réseau. Cela me donne envie de m’impliquer encore d’avantage et ne pas me cantonner à faire des photos » termine celle qui affirme se laisser toujours guider par la passion.



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