Stéphane AMARU : Les patrons harcelés

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Parmi tous les symptômes liés à l’entreprise, harcèlement moral, sexuel, etc., il en est un dont on ne parle jamais… qui pourtant crée des ravages dans l’entreprise. Je veux parler du harcèlement que subit le patron.

Car il existe bel et bien… de nombreux chefs d’entreprise m’en parlent au cours de chacune des formations que je dispense et le sujet devient récurrent. Serait-ce un phénomène de société?

Une simple histoire vraie parmi les centaines que j’aurais pu récolter : ce chef d’entreprise s’est fait « polluer » la vie pendant plus de quatre ans par sa technicienne qui, un jour, l’a attaqué aux prud’hommes et a réclamé 18 000 euros. La raison? Un licenciement abusif… Après quatre avertissements pour absences non justifiées, un constat d’huissier d’absence à son domicile pendant les heures légales, alors qu’on la trouve en train de travailler dans le salon de son petit ami… Il perd aux prud’hommes (l’avocat mandaté et chèrement rémunéré s’avère peu efficace, malgré un gros dossier; il faut préciser que, faute de temps, il ne s’est pas rendu lui-même à l’audience), il fait appel. Pour cela, on lui demande la preuve qu’il dispose bien des 18 000 euros (qui seront d’ailleurs consignés en dette sur le bilan). L’affaire est rejugée quatre ans plus tard.
Cette fois, il se présente à l’audience et il gagne… Il demande à son tour des dommages et intérêts pour les frais d’avocats, le préjudice de la consigne des 18 000 euros pendant quatre ans, l’humiliation d’aller au tribunal et la perte de temps… Son avocat lui demande: «Combien réclamez-vous?» La réponse est: «18 000 euros». Un peu gêné, l’avocat lui répond qu’il ne peut pas exiger autant. Le maximum envisagé par la loi étant de 750 euros…Abasourdi, il finit par les demander et, malgré la loi, il ne les obtiendra jamais.

Conclusion: en plus de s’assurer que le salon fonctionne, que les factures, les taxes, les salaires sont payés en temps voulu, il va falloir faire avec ce nouveau fléau. Car c’est le résultat d’une politique sociale qui a fait naître ces nouveaux salariés qui font du commerce sur le dos des prud’hommes et n’ont plus peur de perdre leur place. Il est bien dommage que l’on n’en parle pas assez et que cette pathologie ne soit pas reconnue. Cela engendre une très mauvaise ambiance de travail et détruit psychologiquement un très grand nombre de personnes avec, d’une part, des chefs d’entreprises méfiants (quand ils ne
préfèrent pas travailler seuls) et, d’autre part, des salariés en manque de combativité. Tout le monde y perd en productivité.

Il faut vite enrayer ce phénomène en repérant ceux qui abusent des prud’hommes; ceux qui les « accumulent », la loi interdisant le regard sur le passé… Il est nécessaire de revaloriser rapidement le statut de nos chefs d’entreprises en leur offrant les mêmes droits du travail que les salariés afin de leur redonner envie d’embaucher et de créer sans crainte, pour qu’ils puissent passer plus de temps à s’occuper de leurs clients et de leurs salariés, et surtout de leur passion: la coiffure.

Stéphane Amaru
http://www.facebook.com/stephaneamaru