Recrutement : Bonhomme invente les « journées postes ouverts »

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A la tête du salon Cute à Paris, un salon spécialisé dans la colorimétrie, Aurélien Bertrand a su aussi sentir le vent tourner du côté de la coiffure masculine. Ainsi, il a créé en 2015 le barbershop, Bonhomme. Le succès est tel qu’aujourd’hui il compte 5 adresses à Paris, une à Nantes et une à Cannes (sous franchise). Passionné, la tête pleine de projets, il est pourtant confronté au même problème que l’ensemble de la profession : la pénurie de candidats. Une de ses solutions pour lutter contre ce manque de personnel ?

Organiser des « journées postes ouverts » dont l’annonce sur les réseaux sociaux n’est pas passée inaperçue. Biblond a voulu en savoir plus. Interview d’un entrepreneur discret mais inspiré et inspirant.

Aurélien Bertrand

Biblond : Bonjour, pourriez-vous nous raconter la genèse du concept des « journées postes ouverts » ?

Aurélien Bertrand : C’est venu d’un constat assez simple. J’ai des salons depuis 2008 et il devient de plus en plus difficile de trouver du staff. Au fil du temps, je me suis rendu compte que les choses ont changé. Aujourd’hui, on ne recrute plus comme avant. CV, lettre de motivation, entretien… Tout cela est d’un autre temps ! Tout va plus vite. Il faut se mettre à la place des jeunes. Ils regardent le compte Instagram pour voir si l’entreprise les intéresse puis envoient un message via les réseaux sociaux. La nouvelle génération veut savoir aussi dans quelles conditions elle va travailler. Ce n’est plus vraiment les patrons qui décident ! Les jeunes bougent facilement, ils décident où ils travaillent. Cela existait déjà mais ça s’est accentué ces dernières années. C’est pour ça que nous avons eu l’idée, avec l’équipe, de créer ce concept de « Journées postes ouverts ». Nous avons toujours aimé faire un pas de côté, proposer quelque chose d’original. Inviter les coiffeurs à venir directement dans nos salons, pour découvrir l’ambiance et parler avec le staff en fait partie. Comme ça ils se font une idée concrète du poste qu’ils pourraient occuper. S’ils sont intéressés, on discute.

Biblond : Est-ce que cela a abouti à des recrutements ?

Aurélien Bertrand : Nous avons lancé cette opération en mai. Une dizaine de personnes sont déjà venues dans nos salons. Toutes ne correspondaient pas. Mais nous avons quand même déjà embauché 3 personnes en un mois. Cette idée a aussi permis à des prétendants de venir à notre rencontre alors qu’ils n’auraient jamais osé sans ces « journées postes ouverts ». Beaucoup ont peur de déranger.

Biblond : Comment expliquez vous ce manque d’attrait pour les jeunes aujourd’hui ?

Aurélien Bertrand : Nous manquons de jeunes en formation car notre métier ne fait plus envie ! Le monde de la cuisine et de la gastronomie a su valoriser son savoir-faire avec des chefs stars que tout le monde connait. Pas la coiffure ! C’est une problème de communication générale sur le métier. Certains patrons ont aussi abusé avec leurs salariés, certains continuent. Ils ont dégoûté les jeunes, même passionnés ! Enfin, il y a les salaires bien trop bas. Quand on sait que certains sont encore payés au smic, ce n’est pas normal ! La crise sanitaire n’a fait qu’accentuer le phénomène. Ceux qui étaient payés au black se sont retrouvés sans rien, aucune aide. Ils se sont fait une clientèle et ils ont vu qu’ils pouvaient vivre en travaillant en indépendant. La revalorisation des salaires en salon est nécessaire.

Biblond : Pouvez-vous nous rappeler les grandes lignes de votre parcours ?

Aurélien Bertrand : J’ai un salon de coiffure mixte, plutôt spécialisé dans la colorimétrie depuis 2008 à Paris. En 2012, j’ai eu l’idée de lancer un barbier au moment où moi-même j’ai voulu me laisser pousser la barbe. Je ne trouvais pas de salon qui réponde à mes attentes. En 2015, j’ai installé le premier Bonhomme rue Saint-Denis à Paris. J’y ai intégré un institut de beauté pour homme, c’était nouveau et ça a super bien fonctionné ! Si bien que quand nous avons eu d’autres opportunités de locaux, nous en avons ouvert d’autres. Aujourd’hui, il y a 5 adresses Bonhomme à Paris, une à Nantes et une à Cannes, avec une quarantaine de collaborateurs. Cette dernière est sous franchise. Nous sommes ouverts à la franchise, nous avons des demandes mais nous sommes très exigeants !

Biblond : Quel est le concept de Bonhomme ?

Aurélien Bertrand : C’est un univers très masculin mais différent des autres barbershops. Les notions d’artisanat et d’héritage du métier y sont très fortes. L’idée est d’être cool mais pas branché ! Nous avons un savoir-faire, nos équipes s’entrainent sans cesse. Il y a des trainings tous les jours pour les plus jeunes, toutes les semaines pour les autres. Nous avons donné des formations. Aujourd’hui, nous nous concentrons sur la formation en interne, malgré la demande.

Biblond : Quels sont vos actualités et vos projets aujourd’hui ?

Aurélien Bertrand : J’ai recruté un Directeur général. Cela devenait trop lourd à gérer pour moi. Je suis coiffeur ! Je peux désormais me consacrer à d’autres projets pour le groupe. Nous nous sommes lancés en 2020 dans la trichopigmentation. Pour cela, nous sommes allés nous former en Belgique. Cette technique de maquillage permanent permet de réduire la calvitie ou créer un effet d’optique – de densité ou rasé. La demande est réelle et nous allons développer cette activité en ouvrant un studio dédié. Nous allons ouvrir d’autre salons Cute dont le potentiel est indéniable. Enfin, nous lançons en juillet une gamme de produits pour homme sous la marque Bonhomme. C’est le fruit d’un an de travail. Huile à barbe, gel de rasage, after-shave mais aussi crème hydratante, shampoing et masque. Ce sera des produits cheveux et corps 2 en 1. Ils seront utilisés dans les salons et proposés à la vente à nos clients. La gamme est made in France, et entre 96 et 98 % d’origine naturelle.

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