Le portrait : Patrick Ahmed, PDG Community Hairdressers Spirit

Tour à tour entrepreneur, ambassadeur, formateur, directeur artistique, créateur de marque ou d’une communauté d’indépendants, organisateur d’événements, Patrick Ahmed a une vision de la coiffure à 360°.

Devenir l’un des noms les plus importants de la coiffure française n’a rien d’un rêve d’enfant pour Patrick Ahmed. S’il s’oriente vers ce métier, à l’âge de 17 ans, c’est pour fuir l’école. « J’ai choisi la coiffure, sans conviction… », confie celui qui se voyait styliste de mode. Et pourtant… « Tout s’est enchaîné. J’étais originaire de Seine-et-Marne. J’ai trouvé un patron à Paris et j’ai fait mon apprentissage. » Tenace et persévérant, il s’accroche. Pendant cinq ans, de 1983 à 1988, il fait des allers-retours à Londres et se forme à la coupe anglo-saxonne. À la tête de son premier salon à Paris, il est repéré par Eugène Perma pour devenir formateur puis responsable de la formation. « Travailler avec cette maison m’a permis de beaucoup voyager mais aussi de lancer ma propre marque de produits, Medley, à 30 ans », se souvient-il.

Au même moment, il créé son académie, accolée au salon de la rue Vieille-du-Temple, où se bouscule une clientèle branchée. Ambassadeur pour Wella puis pour Sebastian, Patrick décide, en 2016, de se lancer dans une nouvelle aventure et crée Community Hairdressers Spirit. « Ce projet est né de mon expérience dans le métier. Il y avait beaucoup d’initiatives des marques mais pas vraiment de groupement d’indépendants. J’ai ressenti un vrai besoin… Nous avons plus de 50 adhérents, qui représentent plus de 100 salons en France et une quinzaine à l’étranger. »

Quelle est la mission de Community ? « Fédérer les indépendants pour être plus forts avec une communauté haut de gamme qui permet de gagner en estime et donc de revaloriser toute la profession », précise-t-il avant de nous annoncer dès le mois de janvier une nouvelle formule. « Nous allons mettre l’accent sur la formation en nous détachant des organismes. Les dossiers sont trop compliqués à mettre en place. Alors nous allons d’offrir jusqu’à 10 formations par an à nos adhérents et leurs équipes. J’invite les coiffeurs à nous rejoindre. Trop d’indépendants se sentent isolés. Pour garder le cap, nous leur proposons aussi des grands rendez-vous comme le Community Hair Show et un séminaire annuel à l’étranger. »

Sa vision du métier

« Il faudrait une réforme totale. Le BP est obsolète ! La plupart des grands coiffeurs ne l’ont pas, preuve qu’il n’est pas gage de réussite. Beaucoup de jeunes préfèrent se mettre en autoentrepreneur. Cela bloque les embauches. Les salaires sont trop bas car les prix sont trop bas. On ne parvient pas à revaloriser nos services et faire changer les mentalités. Il faudrait aussi faire sauter les freins à l’apprentissage. Toutefois, je reste optimiste. Il y a encore des jeunes passionnés. Et comme on le constate aux États-Unis, l’autoentrepreneuriat va diminuer. Les coiffeurs vont chercher une situation plus stable et sécurisante. Il va y avoir un retournement de situation. »

Ses conseils aux entrepreneurs

« Pour rester au top, il faut s’ouvrir, se nourrir de tout. Rejoindre une communauté est essentiel pour le dynamisme de l’entreprise. Certes, l’adhésion a un coût. Mais à ne rien investir, on reste sur la touche. Faites preuve de souplesse dans le management. Les nouvelles générations ne veulent plus travailler comme avant. Pour conserver les équipes existantes, stimulez-les, transmettez-leur la passion et surtout permettez-leur de rêver. »

Et les jeunes ?

« Soyez persévérants. C’est un métier magnifique qui ouvre de nombreuses portes. Ne brûlez pas les étapes. Trouvez le bon salon, celui qui vous permettra d’évoluer dans une dynamique d’équipe et de vous former sans cesse pour grandir. Puis montez votre propre affaire quand vous serez prêt ! »

Les dates de sa vie

1988 Premier salon à Paris
1989 Nomination formateur Eugène Perma
1992 Lancement de la marque Medley
2016 Création de Community Hairdressers Spirit