La fibre capillaire sera-t-elle l’avenir de la mode ?

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Elle s’appelle Camille Routélous, elle a 25 ans et elle vient de Castres dans le Tarn. Elle vient tout juste de terminer ses études aux Beaux-Arts de Toulouse, option design. Dans quinze jours, elle clôturera sa campagne de financement en ligne, via la site www.helloasso.com.

Son projet Versus est une micro-série de vêtements et accessoires en laine et cheveux. Cheveux ? Oui vous avez bien lu ! On connaissait déjà le recyclage de la fibre capillaire pour dépolluer les océans (Coiffeurs justes ou Capillum). Aujourd’hui, cette jeune Castraise, bien ancrée dans son époque, l’utilise pour inventer, peut-être, la mode de demain. À l’heure où les plus grandes maisons de prêt-à-porter tentent de se racheter une conduite (la mode étant une des industries les plus polluantes), cette créatrice fait figure d’exemple en mettant l’écologie et l’humain au cœur de ses priorités. « Nous avons mis en place un cahier des charges très strict, en accord avec nos valeurs. Tout est conçu et fabriqué dans un rayon de 80 km autour de Toulouse. Parfois, les gens m’envoient leurs cheveux mais c’est essentiellement auprès des coiffeurs locaux que nous récoltons la matière première. Nous collaborons avec des artisans d’Occitanie, afin de réduire l’empreinte carbone. »

Bonnets Damien, Louis, Chantal ©Julie Cousse Photographe

Ses objectifs ? Proposer un vêtement alternatif, respirant, chaud, conçu et fabriqué intelligemment, mais aussi soutenir le savoir-faire local et valoriser une matière aux caractéristiques exceptionnelles… Pour cela, elle a su s’entourer des bonnes personnes. L’Association régionale d’éco-construction du Sud-Ouest (Areso) mais aussi des partenaires locaux. « Castres est un bassin important de l’industrie textile. Ces artisans m’ont permis de combler mon inexpérience et ma méconnaissance en matière de tissage ou de tricotage par exemple. Ils me transmettent leur savoir-faire », explique-t-elle.



Récolte auprès des coiffeurs locaux

Mais comment lui est venue cette idée de travailler le cheveu ? Tout au long de ses études, elle a travaillé autour de cette matière naturelle, l’expérimentant autour de différents projets. « Aux Beaux-Arts, l’association Areso nous a mis au défi de travailler autour de matériaux écologiques. J’ai conçu un dôme en terre crue et cheveux puis une cabane en feutre de cheveux. Je me suis rendu compte des qualités phoniques et thermiques de cette matière, souligne Camille. J’ai ensuite voulu travailler la fibre capillaire de manière plus subtile. »

Pour son projet de fin d’études, elle se rapproche d’une filature en Ariège et d’un atelier de tissage et de tricotage dans le Tarn. « On a fait plusieurs essais à partir de ce fil. Nous avons utilisé de la laine pour agir en tant que matrice car elle est composée de kératine comme le cheveu. » Mais attention ! Innover n’est pas un long fleuve tranquille. Surtout avec une matière inhabituelle et fortement connotée dans l’inconscient collectif. « Ça a été les montagnes russes émotionnelles. Nous avons fait tester les prototypes à notre entourage. Comme la matière grattait, nous avons doublé les vêtements et les bonnets avec un textile en coton recyclé tissé à Castres. »

L’avenir ? La jeune entrepreneuse espère pouvoir investir dans la recherche et le développement. « Et peut-être faire interagir le cheveu avec d’autres matières. Mais toujours dans le respect de notre cahier des charges exigeant, soucieux de l’humain et l’environnement », conclut-elle.

Bonnet Damien ©Julie Cousse Photographe

Vous voulez participer à cette aventure ? Contactez Camille Routélous par mail : camille.routelous@gmail.com

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