Débat : Face aux problèmes de recrutement, Franck François dit « stop à la démagogie »

Taille du texte: A A A

Il en a reçu des appels suite à sa tribune sur LinkedIn. C’est sur le réseau social professionnel que Franck François, Président du Groupe Vog (Vog Coiffure Color Your Life, TCHIP Coiffure, Mon Coiffeur Exclusif, Shampoo Expert, Claide Maxime, Villa Claude Maxime), a choisi de s’exprimer au sujet de la pénurie de personnel que connait la profession.

« Stop à la démagogie ! Le recrutement des coiffeurs pose problèmes depuis plusieurs années. C’est notre faute car nous n’avons pas assez formé de collaborateurs et nous en payons aujourd’hui le prix fort » écrit-il. Tandis que le groupe Vog communique ses bons résultats en 2021, le Président n’a pas hésité une seconde quand nous l’avons contacté pour débattre sur une problématique que Biblond suit de près depuis plusieurs mois.

La fermeture du salon le samedi pour attirer les candidats ?

Franck François est contre ! « C’est n’importe quoi ! Imaginez-vous des marques comme Chanel ou Sephora fermer le samedi ? Pour moi, annoncer une fermeture le samedi c’est un coup de pub pour faire parler. Et surtout c’est de la démagogie. » En effet, Franck François rappelle que dans les 60 succursales du groupe Vog, le samedi représente 21 % du CA de la semaine. « Ce n’est pas en se privant du samedi que la profession va sortir ! La priorité, aujourd’hui, quand on a du mal à recruter, est de fidéliser les collaborateurs.»



Mais alors quelles solutions propose-t-il pour donner aux jeunes l’envie de se lancer dans une carrière de coiffeur ?

« Il faut payer correctement nos collaborateurs. Faire preuve de flexibilité pour leur proposer un bon équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Comme ont su le faire les professionnels de la restauration » note le PDG du Groupe Vog. « Chez nous, les collaborateurs négocient les samedis, les heures de sortie de nounous… Les femmes terminent à 5 heures dans certains salons. Cela ne nous arrange pas mais il faut savoir dire oui pour les garder. Les génération X ou Y ont ce désir de liberté et de flexibilité. Si on ne leur accorde rien, ils s’en vont et se lancent en indépendants ! »

Vient ensuite la question du salaire.

« Dans le groupe, nous avons lancé de nouvelles animations pour atteindre des primes. Nous sommes plus souples. Ceux qui bossent auront leur prime. Et on a augmenté les salaires… Nous n’avons pas le choix aujourd’hui. Si tu ne peux pas donner 50 ou 100 euros d’augmentation à un collaborateur qui est là depuis 10 ou 15 ans, il faut arrêter ! Et ne pas s’étonner qu’il parte. Nos anciens bons coiffeurs, nous les avons augmentés. » poursuit-il. 

Mais comment explique-t-il cette pénurie de candidats, outre la question des salaires ?

« Il y a encore 5 ans, je disais qu’il fallait former des apprentis. Les coiffeurs n’en prenaient pas. Aujourd’hui, on a un creux de vague. Il n’y a pas de collaborateurs avec 3 ou 4 ans de métier. Heureusement que récemment le quota des apprentis a été revu à la hausse et qu’il y a des primes pour promouvoir l’apprentissage aujourd’hui. Désormais, il faut former, former, former ! » martèle-t-il avant de souligner « Et les garder une fois le diplôme obtenu ! » 

Pour rappel, le groupe Vog, créé en 1979 par Franck François, est aujourd’hui le deuxième franchiseur de salons en France avec 6 marques, 900 salons dont 90 à l’étranger.

Sa nouvelle initiative ?

Le programme de transformation baptisé Projet d’Avenir initié en 2020 et déployé sur 5 ans qui met l’accent sur une nouvelle organisation de proximité renforcée en compétences en région (avec un directeur de région, un développeur, un animateur et un formateur) mais aussi sur la formation avec la création d’une nouvelle entité. En 2021, Groupe Vog Académie a formé plus de 2458 stagiaires et se concentre sur la formation à trois savoir-faire : concept, coiffure et entreprenariat, spécifiques à chaque enseigne du groupe. Cette stratégie permet aux franchisés de mieux réaliser leur avantage concurrentiel en formant des coiffeurs, des managers et des chefs d’entreprise à l’excellence opérationnelle du salon. « On a tout fait pour nos franchisés forment d’avantage leurs équipes et pour que les collaborateurs soient fiers de leur métier. Il faut leur rappeler que c’est un beau métier. S’occuper de la femme pour la rendre plus élégante, c’est merveilleux ! » 

Autre pilier du groupe Vog ?

Le lancement de Dymoa, une base de connaissance accessible 24h/24 et 7j/7. Ce site propose aujourd’hui 450 fiches techniques et plus de 60 vidéos de coiffure. Et c’est un succès puisque déjà un franchisé sur deux l’utilise. 

Malgré tout, Franck François reste optimiste.

« Qu’est-ce qui peut arriver au métier de la coiffure ? Rien ! Cela marchera toujours ! Nous avons été reconnus commerce essentiel pendant la crise sanitaire. Les cheveux continueront de pousser. Il faudra toujours les colorer et les couper. Alors, halte aux pleurnichards ! Au boulot. Allons-y ! Il suffit d’y croire… Certes, le e-commerce prend de l’ampleur. Mais rien ne vaut un échange avec un vendeur en boutique. Les consommateurs ont conscience de la valeur d’un conseil. »

Mais que pense-t-il de l’ampleur que prend la coiffure à domicile ?

« Dans le passé, c’était pour les fortunés ou les personnes âgées qui ne pouvaient pas se déplacer. Aujourd’hui, tout le monde veut faire du domicile. Mais c’est quand même plus beau d’exercer dans un salon. C’est un métier de malheureux de faire du porte-à-porte pour gagner sa vie. Et c’est ravageur pour la profession » souligne celui qui n’a pas la langue dans sa poche. Avant de conclure : « Montez votre affaire, ouvrez des salons mais ne faites pas ça dans un garage ! Et soyez fiers de votre beau métier. »



Catégories: Actualités