Tendance : carré court, idées longues

De Louise Brooks à Angèle, le carré court revient toujours sur le devant de la scène, comme la signature d’un look marquant une époque. Décryptage d’une coupe culte, avec Johan Aspinas, formateur Davines.

L’INSPI ?

Lors de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques Paris 2024, Angèle a fait forte impression en interprétant Nightcall avec Kavinsky et Phoenix. Telle une apparition, sur la pelouse du Stade de France, la chanteuse belge irradiait. Dès lors, les modeuses se sont précipitées dans les salons pour copier son joli carré blond court à frange.



D’OÙ VIENT-il ?

Les origines du carré datent des années 1920. À la sortie de la Première Guerre mondiale, la garçonne, merveilleusement incarnée par l’actrice américaine Louise Brooks, arbore les cheveux courts, revendiquant l’égalité des sexes. Coco Chanel, portant elle-même la coupe, lui taille une garde-robe sur mesure, effaçant les frontières entre les vestiaires masculin et féminin. « Depuis cette époque, le carré est sans cesse réinterprété et remis au goût du jour. Le plus bel exemple ? La version graphique de Vidal Sassoon. C’est une coiffure cyclique », précise Johan Aspinas.

SES ATOUTS ?

« C’est une coupe intemporelle, qui traverse les époques et évolue selon les codes du moment. Toujours dans l’air du temps, elle se faufile dans les tendances. Elle est versatile et déclinable à l’infini, coiffée de différentes manières. Graphique, dégradée, avec une frange hachurée ou droite, floue avec un wavy, chic en version Wet Look peigné vers l’arrière. On peut placer la raie au milieu pour un style plus classique ou sur le côté pour apporter du mouvement. »

Agrémenté d’une frange épaisse ou d’un foulard chez Prada, boule chez Erdem, raie sur le côté chez Boss ou au milieu chez JW Anderson, le carré est omniprésent sur les podiums des défilés printemps-été 2025. Classique chez Fendi, il est rock pour Isabel Marant et sage chez Patou.

ON L’A VU SUR…

Carole Bouquet, Marion Cotillard, Keira Knightley, Natalie Portman, Rihanna, Miley Cyrus, Billie Eilish… la liste est longue ! Toutes les plus grandes stars ont craqué pour ce look fort.

POURQUOI le PROPOSER EN SALON ?

« Le carré est une coupe facile au quotidien. Elle réconcilie tout le monde et est portée différemment selon l’âge. Les seniors seront sur une référence classique. Elle s’accorde à tous les styles, rock, bourgeois, street, grunge, punk… »

Techniquement ?

« Attention, il faut toutefois respecter certains codes du visagisme. Pour une femme qui a la mâchoire carrée, on évitera de couper les cheveux au niveau du maxillaire. On réserve le carré très linéaire aux cheveux lisses, sinon la cliente devra passer du temps au coiffage. Si on connaît les contraintes de chaque texture, le carré va à tout le monde. Les erreurs à éviter ? Faire pencher la tête en avant ! Quand elle revient en position naturelle, cela peut créer des écarts de longueurs. Sur les côtés, les oreilles peuvent donner du ressort sur la masse. Il faut se servir de son peigne comme d’une règle, sans tendre le cheveu, sinon on peut créer une déconnexion entre l’avant et l’arrière. On a tendance à penser que c’est une coupe facile. À tort ! On cherche une symétrie parfaite. Cela demande beaucoup de technique et de concentration. »

Tendance : mulet XL

Son retour dans la rue est souvent redouté. Symbole du mauvais goût des années 1980, sans cesse revisitée, la coupe mulet est pourtant devenue l’étendard du « cool » dans les sphères branchées et/ou underground. Décryptage par Christophe-Nicolas Biot, rock star du cheveu.

D’où vient-elle ?

Liberté d’être moche et symbole queer… La coupe mulet, popularisée dans les années 1980, délaissée par le grand public, a su garder ses adeptes. Puis, la tendance s’est redéveloppée il y a dix ans en Australie. Il existe même, depuis 2019, un Festival européen du mulet.

La tendance actuelle est un peu plus « élégante » : plus long, de forme plus ovale autour du visage, avec bien sûr une nuque longue. Il varie selon la forme du visage ou l’air du temps mais il doit garder l’essentiel : les cheveux plus longs sur la nuque et plus courts sur le dessus. Le mulet peut aussi être rasé sur les côtés.



ON L’A VUE…

L’un des premiers à l’avoir intégré dans la fashion sphère est le styliste Hedi Slimane, directeur artistique de la maison Celine, qui l’a d’ailleurs lui-même portée. Il a ensuite décliné la coupe mulet dans ses campagnes de publicité et l’a intégrée dans ses défilés. Côté stars, les égéries les plus en vue comme Miley Cyrus, Scarlett Johansson ou encore Charlize Theron l’ont adopté un temps.

SES ATOUTS

Le mulet ne nécessite pas de texture. Frisé, raide ou ondulé, il s’adapte à tous les cheveux. Unisexe, c’est peut-être même la première coupe véritablement mixte. Elle est encore plus symbolique aujourd’hui avec les mouvements  transidentitaires, où le mélange des genres est parfois difficile à cerner.

Techniquement ?

Bien sectionner et isoler les parties que l’on souhaite conserver pour les longueurs. Délimiter la longueur des côtés, qui peut être très courte et sans aucune connexion entre le dessus et la nuque qui se doit d’être toujours plus longue que les autres parties.

L’inspi ?

Le chanteur Rod Stewart fut précurseur, suivi par Paul McCartney puis David Bowie, chanteur et icône au look versatile, qui en fera un véritable symbole. Pour rappel, en 1972, il a fait de la coupe mulet rousse l’étendard du personnage de son album et comédie musicale : Ziggy Stardust.

Pourquoi le proposer ?

Il convient à toutes les formes de visage, mais j’éviterais de le proposer à des personnes au visage très rond. L’intérêt du mulet est qu’il donne une attitude, un vrai look à chaque personne qui le porte.

Naturel, sophistiqué, texturé, effilé, court ou long… Le mulet est omniprésent sur les podiums de la mode. Ici, défilés automne-hiver 2023-24 de Chanel, Paco Rabanne, Valentino, Isabel Marant, Balmain ou Prada.