Au CREUX de la coiffure N°5 : Coup de pied aux larmoyants 

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Depuis un certain temps, je regarde les commentaires quotidiennement postés sur les réseaux sociaux évoquant avec récurrence un certain mal-être ainsi que des difficultés économiques des coiffeurs indépendants face aux enseignes de low-cost, les boutiques de revente de produits professionnels, les coiffeurs à domicile qui leur vident leurs salons et leur prennent des parts de marché… Et, maintenant, nous avons le « projet de M. MACRON » de retirer le BP et de, je cite, dévaloriser la profession !

Excusez-moi si je vous choque, mais (et là je vais me faire lyncher) n’avez-vous pas déjà largement contribués à la dévalorisation de la profession d’artisan coiffeur ?

Lors de mes déplacements dans les salons de coiffure, je regarde, j’analyse et je constate avec catastrophe la déperdition de professionnalisme des coiffeurs indépendants !

 

Alors reprenons par le début

Pourquoi la cliente vient-elle dans un salon de coiffure en acceptant d’en payer le prix ? Si elle vient, c’est pour vivre un moment de rêve, et ressortir de chez vous :

  • belle,
  • unique,
  • conseillée,
  • différente,
  • unique,
  • chouchoutée,
  • et surtout pour se faire « recoiffer le moral »

 

Est-ce que vous leur vendez réellement ce qu’elles recherchent ?

  • bonjour madame, on vous fait quoi ? (n’est-ce pas votre rôle de la conseiller ?)
  • c’est pour vous faire coiffer ? ( pensez à Bigard !)
  • on vous les coupe comment ? (c’est qui le visagiste ? elle ou vous qui l’avez affiché sur votre vitrine ?)
  • vous voulez quoi comme couleur ? ne bougez pas, je vais vous chercher le nuancier pour choisir ensemble, 6,35 ou 7,42 ? (tiens ! j’ai l’impression d’être dans un restaurant chinois…)
  • ça vous va la longueur ? (de toute façon, si c’est trop court, vous faites quoi ?)
  • et j’en passe !

 

Qu’avez-vous fait de votre professionnalisme ? Qu’avez-vous fait de la notion d’artisan ?

 

Vous vous plaignez que vos clientes achètent elles-mêmes leurs tubes de couleur ! Mais pas étonnant ! Vous leur mettez sous le nez des nuanciers ou elles choisissent elles-mêmes un « numéro » que vous lui appliquez tel quel !

Vous êtes devenus des applicateurs de tubes de couleur et vous avez perdu les valeurs fondamentales des coloristes (la preuve, combien d’entre vous postent sur Facebook en journée des demandes de diagnostic car ils savent pas faire ou comment faire ?).

Sincèrement, qui, réellement et à chaque diagnostic, utilise ces notions ?

  • diagnostic,
  • cercle chromatique,
  • % de cheveux blancs des zones,
  • mordançage,
  • mélange différent en racine et pour l’allongement,
  • mélanges reflets froids et reflets chauds,
  • fond d’éclaircissement en adéquation parfaite avec l’oxydant,
  • pré-éclaircissement (ben oui, les huiles, ce n’est pas fait que pour la salade)
  • neutralisation (ah oui, pour info appliquer un irisé sur un fond jaune n’a jamais fait disparaître le reflet jaune, il crée juste un nouveau reflet : le marron, vous n’êtes pas de magiciens)
  • émulsion à sec pour décoller la couleur,
  • émulsion de 3 à 5mn pour la brillance ?

 

Vous vous plaignez que vos clientes se fassent coiffer dans des salons à bas coûts pour une coupe de cheveux ! Vous affichez des forfaits SH+COUPE+BRUSH = XX €

  • faites-vous de vos shampooings un moment unique et personnalisé de détente ?
  • avez-vous une technique de coupe et des outils différents à chaque cliente selon son type de cheveu ?
  • faites-vous réellement les brushings que vous tarifez ? (alors pour rappel, pour les plus jeunes, la vraie technique du brushing consiste à mettre en forme le cheveu en le travaillant avec une brosse pour lui donner : brillance, tenue, gonflant ou lissage et pouvant tenir le coiffage 3 ou 4 jours… oui je sais, ça fait les muscles)

 

Pas étonnant qu’elles ne souhaitent plus payer pour des prestations qui ne sont plus faites dans l’art de la profession et, qu’elles préfèrent payer moins cher pour le même service dans des enseignes à bas coût (qui, cela dit, deviennent aussi qualitatives que beaucoup d’entre vous) !

Alors, vous allez me dire : c’est bien beau, mais ça à un coût et on n’en a pas le temps !

 

 

Ah oui, il y a aussi la fameuse histoire du coup à la minute !

Quand j’anime mes formations, je m’entends dire : mais moi je suis bon sur ma rentabilité, je suis à 1€ la minute… Le fameux 1€ la minute, je l’ai eu en formation à la I.N.F.C en 2001…

Alors, dites-moi où vous résidez car cette merveilleuse ville de rêve où visiblement rien n’y a augmenté, ni les tarifs des fournisseurs, ni les coûts des achats, ni le montant des charges depuis 2001 ! Car, personnellement, j’y emménage de suite !

Ben oui, c’est comme beaucoup de choses, vous êtes restés dans un passé révolu sans vous être remis en cause depuis. Alors que les groupes et les franchises avancent, voire devancent les besoins à venir des consommatrices. Et pour : on n’a pas le temps, vu le nombre de posts tous les jours sur les réseaux Facebook… Vous avez largement le temps ! Passez plus de temps avec vos clientes et moins avec vos portables.

 

Certains vont me dire :

  • mais moi, je le fais à chaque cliente : c’est super, ce sont ceux qui s’en sortent
  • moi c’est vrai, je ne le fais pas à chaque fois : ce sont souvent ceux qui galèrent pour se payer ou payer leurs charges
  • et les « moi, je ne le fais jamais, c’est plus utile de parler des conneries de la télé, de me plaindre de mes problèmes, de lire Closer : ceux-là fermeront très vite

Avez-vous déjà pris le temps de regarder avec votre équipe le sketch de Murielle Robin : Le salon de coiffure ? Véritable parodie de notre métier, mais chaque caricature n’est jamais que la reconstitution exagérée d’une réalité vécue ! Certes dans son sketch, nous avons la totale, mais chaque élément pris à part est tellement vrai et, surtout, de trop !

 

ALORS, DE GRACE ! REMETTEZ-VOUS EN CAUSE SI VOUS VOULEZ SURVIVRE !

 

Christophe CREUX
2C2C-Consulting®