Sandrine Ruiz, l’excentrique chic

©Emmanuel Grignon
©Emmanuel Grignon
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Chef d’entreprise, formatrice, créatrice, coiffeuse studio et membre de l’équipe artistique Eugène Perma Professionnel, lisez le parcours de Sandrine Ruiz, une battante dans le milieu de la coiffure.

 

 

Née à Toulouse en 1966, Sandrine Ruiz a toujours été une fille pleine de vie, les yeux pétillants de malice et d’ambition. Petite, elle veut être vendeuse de robes brillantes et rêve déjà de travailler dans le milieu du spectacle. Tout ce qui a trait à l’art, tout ce qui brille l’attire : cirque, danse, théâtre… Finalement, c’est dans la coiffure qu’elle choisit d’évoluer. À 13 ans, la voilà qui travaille après avoir quitté la classe de 5e, qui participe à des concours et sa mère y est pour quelque chose. Elle-même de la profession, c’est la première qui l’initie à l’art capillaire et lui enseigne la coiffure comme une matière artistique. Sa vocation est plus qu’une évidence et sa passion n’a jamais fléchi depuis. Sandrine a trouvé dans la coiffure un métier alliant deux de ses traits de personnalité : sa créativité et son esprit de compétition. « Avec le cheveu comme support, on peut s’inventer et se créer. Les compétitions ont en parallèle forgé ma manière de travailler et m’ont davantage impliquée dans mon travail. » Ses premiers pas dans le métier se sont donc faits dans les concours de coiffure, partout en France.

 

Compétitrice dans l’âme

En parallèle de ses études et de son travail en salon, Sandrine découvre le monde des shows et les coulisses de la scène. Elle n’a pas une minute à elle, mais elle ne ressent jamais la fatigue, vivant sa passion au jour le jour. Hyperactive, elle travaille à droite et à gauche avant de s’installer définitivement au salon familial, Hair Studio, en 1986. Cinq ans plus tard, elle remporte le championnat de France de coiffure à 25 ans. En 1992, sa mère prend sa retraite et passe la main à ses enfants, Sandrine et Cédric. De neuf ans son cadet, ce dernier a encore plus baigné dans la coiffure que son aînée, avec une mère et une sœur qui en parlaient du matin au soir. Main dans la main, ils gèrent avec brio le salon et accueillent avec le sourire les habitués, souvent des familles qui fréquentent les lieux depuis des années. « Ils ne viennent pas forcément pour le nom de Sandrine Ruiz. Je préfère avoir une seule affaire qui marche plutôt que plusieurs. C’est plus facile à gérer au quotidien. » Mais l’envie de transmettre devient plus vive. En 2010, elle crée la société de formation Sandrine Ruiz et Associés, spécialisée dans les attaches. Une chose qui lui tient à cœur tant par l’aspect humain que pédagogique. « J’apprends en même temps que les élèves, ce qui est très enrichissant. » Ce n’est bien sûr pas une porte de sortie, mais si un jour elle veut créer une académie, elle aura déjà la structure. « Je fais une distinction entre affaire de quartier et affaire artistique, ce qui explique pourquoi le nom du salon n’est pas passé de Hair Studio à Sandrine Ruiz. »

 

 

Stylé mais féminin

Depuis 2013, Sandrine Ruiz fait partie de l’équipe artistique Eugène Perma Professionnel. Portée par la marque, elle imagine des collections, de la conception à la création jusqu’au shooting. Elle les représente sur les shows, peut tester des produits en avant-première et même créer ses propres collections. Son style artistique ? Excentrique chic. Traduction : « J’aime les choses un peu avant-gardistes, artistiques mais avec une pointe de féminité. » On reconnaît ses œuvres entre mille avec ses coiffures poétiques, chics et empreintes de douceur, même si elles sont « importables » selon ses propres termes. Car le but n’est pas de plaire au plus grand nombre, mais de provoquer une émotion, de créer une cohésion totale avec le public. « Tous les coiffeurs sont bons, mais peu arrivent à transmettre une émotion, chose rare quand les gens sont saturés de shows. » Et sur scène, elle rayonne. « Créer fait partie de moi. Le temps se suspend, comme si j’étais en méditation. Le bonheur, ma joie intérieure quand je crée, c’est comme si le temps s’arrêtait. » La recette marche puisqu’elle a été nominée à plusieurs reprises dans de prestigieux concours. À 50 ans, le nom de Sandrine Ruiz résonne dans le monde de la coiffure, sa réputation n’est plus à faire.

 

Un conseil pour nos lecteurs ? « Soyez curieux, faites des concours, formez-vous et soyez désintéressés financièrement. On donne beaucoup de soi avant de récolter les fruits de son travail. »

 

Mini-biographie

1991 : 1er prix du championnat de France de coiffure

1992 : Reprise du salon familial Hair Studio avec son frère

2005 : Devient formatrice nationale pour une marque professionnelle

2010 : Création de la société de formation Sandrine Ruiz et Associés

2013 : Rejoint l’équipe artistique Eugène Perma Professionnel

 

Entre nous

Le secret de votre réussite ?

Le travail, mon sens de l’observation avec un regard ouvert sur le monde pour avancer, ma participation aux concours, aux shows et faire des visuels. À force d’en faire seule, mon travail a pu être remarqué.

 

Des projets en perspective ?

J’aimerais un jour apporter mon savoir dans des pays comme le Vietnam. Ma grand-mère est vietnamienne et j’ai toujours été attirée par cette culture. Je serais aussi curieuse de voir la manière dont le métier de coiffeur est perçu dans d’autres contrées.

 

Des coiffeurs qui vous inspirent ?

Christophe Gaillet, Angelo Seminara, Alexandre de Paris, Sharon Blain, Sam Villa et plein d’autres encore…

 

Votre vision du métier de coiffeur ?

Le métier évolue sans cesse, surtout avec l’avènement du digital. Les coiffeurs de la nouvelle génération sont tous très connectés, c’est bien et en même temps pas bien. Le Net et les réseaux sociaux remplacent peu à peu le papier. On zappe vite les choses, on ne prend pas le temps d’apprécier les images, l’actualité passe trop vite. Si les jeunes peuvent vite devenir populaires sur la Toile, seront-ils capables d’assurer sur un show ? Vont-ils durer sur le long terme ? Réussir un show une fois, c’est simple, mais tous… c’est plus dur. C’est à la fois facile et compliqué de se faire remarquer aujourd’hui.

 

Parce qu’il n’y a pas que la coiffure

– si tu étais une couleur : rose

– si tu étais un animal : zèbre

– si tu étais une fleur : pivoine

– si tu étais une actrice célèbre : Charlize Theron

– si tu devais changer de métier : dans le milieu du spectacle, directrice artistique d’une compagnie de danse, d’un cirque ou, pourquoi pas, faire de la couture.