Interview : Grégory Goncalves, coiffeur sans frontière

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Grégory Goncalves, jeune coiffeur français expatrié à Montréal au Canada est entré en contact avec nous. Le petit Frenchy qui monte nous apporte un témoignage plein d’optimisme pour les jeunes coiffeurs qui auraient pour projet de marcher dans ses pas.

 

Comment vous est venue l’idée de vous expatrier à Montréal en y exerçant la coiffure ?

En premier lieu, j’y suis allé en vacances un été. La ville a été un véritable coup de cœur, tant par sa beauté que par la grande ouverture d’esprit des gens. À Montréal, l’art et la créativité sont partout. À partir de ce moment, j’ai réfléchi à cette idée un peu folle d’aller y exercer mon métier de coiffeur. Il est clair que je ne savais pas vraiment ou je mettais les pieds, mais j’avais vraiment envie d’en faire l’expérience.

 

Sur place, est-il facile de trouver un travail dans l’univers de la coiffure ?

Si l’on recherche un travail de coiffeur en salon, la profession est relativement accessible. De nombreuses vitrines affichent des recherches de coiffeurs. En revanche, cela inclut rarement un statut de salarié, mais plutôt d’indépendant (location de chaise, ou partage de chiffre d’affaires).

À côté de ça, les contrats de coiffeur studio sont assez faciles à décrocher. La chance est donnée à celui qui va montrer de la motivation, du cœur à l’ouvrage et optionnellement un bon portfolio. À Montréal, il ne faut pas sous-estimer le côté « social » des opportunités. Je veux dire par là que beaucoup de choses vous ouvrent les bras si vous connaissez quelques bonnes personnes. Ca ne veux pas forcément dire qu’il faut faire partie d’une certaine « élite » pour obtenir des propositions, mais qu’il faut soit même s’ouvrir, s’intéresser au travail d’autres artistes, qui ne manqueront pas de faire appel à vous si le courant artistique passe.

 

Les Canadiens, et plus généralement les Nord-Américains, ont-ils un rapport à la coiffure proche du nôtre ?

J’en reviens à ce que j’ai pu évoquer tout à l’heure, en parlant de l’ouverture d’esprit des Canadiens. Ici, il ne semble pas y avoir de réelles barrières artistiques. La notion de beauté est large. Chaque artiste coiffeur à sa façon de faire, sa « patte » artistique qui souvent se situe aux antipodes de celle des autres artistes coiffeurs. C’est là que réside la vraie beauté du métier à mon sens : dans sa diversité, son ouverture d’esprit. On peut plus facilement s’identifier à un type de travail car il laisse totalement transparaître la personnalité de l’artiste.

De manière plus ciblée, les techniques sont souvent différentes, mais pas moins évoluées, ce qui est un vrai enrichissement professionnel. J’en apprends beaucoup et j’enseigne également, c’est un véritable échange.

 

Quels sont vos projets là-bas ?

Pour le moment, je suis toujours sur ma lancée. Je veux en apprendre un maximum pour enrichir mon expérience, mes capacités, mon métier, tout simplement. Je recherche et j’effectue toujours davantage de partenariats avec des artistes montréalais. Par exemple, j’ai récemment eu le grand plaisir de travailler sur la collection printemps/été 2015 pour Denis Gagnon, grand designer de Montréal. J’ai aussi participé à la réalisation de photos pour un magazine qui paraîtra à Toronto très bientôt.

Je suis aussi sur un éventuel projet avec la marque Moroccanoil.

Toutes ces expériences me permettent de m’améliorer dans mon métier. Et qui sait ? J’ai dans l’idée qu’un jour je pourrai moi-même me servir de ces acquis pour les enseigner à une équipe potentielle …

 

Selon vous, est-il possible de réellement faire carrière dans la coiffure au Canada quand on est un petit Frenchy ? Le savoir-faire français y est-il reconnu ?

J’ai la conviction que oui. Il est possible de se créer une véritable carrière au Canada, que l’on soit Français, Allemand, Anglais ou autre… Le tout est de ne pas vouloir se servir uniquement de sa nationalité (et de son savoir-faire légendaire) pour donner l’impulsion à sa carrière. Il est vrai que le savoir-faire français est populaire. Le nombre d’années allouées à la formation d’un coiffeur en France est beaucoup plus important qu’au Québec. Cependant, ce qui fera réellement la différence pour réussir, c’est votre différence elle-même. Votre personnalité qui transparaît dans votre travail, le caractère unique de votre art. La motivation, et une réelle vocation pour le métier seront vos meilleures armes pour construire votre carrière.

 

Avez-vous un message à adresser aux jeunes qui exercent le métier de coiffeur ?

Vous avez choisi un métier magnifique, en constante évolution et stimulant. La coiffure n’a pas de barrières, n’a pas de frontières. Libre à vous d’en faire ce qui vous ressemble, ce que vous voulez qu’il soit. Apprenez un maximum, soyez passionnés, vivez-le, car au-delà d’un métier, la coiffure est une véritable vocation. Les échecs peuvent arriver, mais ce ne sont pas tant vos erreurs qui feront de vous l’artiste que vous êtes, c’est votre manière de vous en relever, et d’en faire quelque chose qui vous fera évoluer.

Si vous souhaitez exercer votre métier à l’étranger, lancez-vous, n’ayez pas peur. Rassemblez les informations nécessaires, créez-vous un pied-à-terre. De nos jours, avec les réseaux sociaux, il est tellement facile d’avoir des contacts partout dans le monde. Sachez bien vous entourer, et ayez confiance en vous et en votre travail.

Si vous souhaitez l’exercer en France, sachez qu’il y a beaucoup de choses à y faire également. Les difficultés que l’on peut y rencontrer font partie du challenge. Les franchir vous forcera à sortir de votre zone de confort, à constamment vous surpasser et à faire de vous quelqu’un de meilleur. L’essentiel est de toujours prendre plaisir à ce que vous entreprendrez.

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