Galifornication épisode 6 : Les coiffeurs, psy ? Rumeur et confession

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J’ai participé, il y a quelques temps,  à un article pour  le journal « Le Monde », le sujet ? Ces « presque » psy qui nous confessent.

Le fond de l’article était super intéressant mais la manière de mener l’interview m’avait un peu dérangé. Elle n’arrêtait pas de me poser des questions ultra négatives sur le sujet. Sur le fait que ça doit être lourd, des discussions graves avec des thèmes souvent très personnels, que la cliente se livre sur ses déboires et mésaventures. De sa vie de couple qui bat de l’aile, de sa perte d’emploi…

Et bien heureusement que ce ne sont pas les seuls sujets que l’on aborde ! Sinon nous ne serions plus nombreux et les principaux articles,  que les coiffeurs achèteraient, seraient une corde ou de la drogue pour tenir le coup.
C’est vrai que l’on a des sujets lourds parfois, mais les sujets s’équilibrent avec du positif parce qu’il y a, aussi,  des gens qui sont heureux ! Qui nous parlent de naissance, de mariage, de leur nouveau travail, de leur passion.
Nous avons sur le fauteuil la plus grande encyclopédie qui soit et même si l’omniscience n’existe pas, nous avons des connaissances dans presque tous les domaines même ceux qu’on n’aime pas.

Mais le bonus c’est la rumeur…
Celui qui vous dit que son voisin a entendu de son frère, que l’adjoint du maire avait croisé, dans une rue, le mari de la boulangère avec la femme du garagiste, tard dans la nuit,  sous un parapluie. Et que malgré son bonnet, il est sûr que c’était lui !
Ils y en a qui sont à l’affut de tout et de n’importe quoi pourvu que ça alimente leur verve.
J’en ai un, une fois,  qui m’a dit : « Vous avez changé d’antenne télé ? » Euh…  j’ai cru que j’allais tomber de mon tabouret de coupe ! Qui regarde l’antenne télé des maisons, franchement ?

La curiosité alimente les vies, la faute à : la téléréalité, parce qu’il n’y a pas plus réel que la vie de son voisin. N’empêche que nos salons de coiffure c’est peu secret story. Et le pire dans ces cas-là, c’est d’habiter sur la commune ou tu travailles.

« C’est quoi le secret de ma coiffeuse ?! Parce qu’elle doit bien en avoir un… La dernière fois que l’ai croisé au Super U, j’ai bien vu qu’elle achetait beaucoup d’apéritif… A mon avis elle picole… C’est pour ça qu’elle tremblait l’autre jour… C’est son mari, je suis sûr qu’il divorce! Je vais en parler avec germaine…».

Et c’est comme ça que ça commence, ça fait le tour. Et c’est une maman… Pas une copine, juste la maman d’un copain de classe de ta fille, et que tu peux pas sentir parce qu’elle se gare toujours n’importe comment sur le parking de l’’école, ou alors celle qui fait partie du troupeau que tu vois à 9h et que tu retrouves à midi parce qu’elles ont rien à foutre pendant que tu bosses… Bah quoi moi aussi je peux faire ma commère !

Bref, c’est une maman qui dans la cour de l’école vous demande : « Alors ça va à la maison ? » sur un air triste… Et là, t’as juste envie de lui dire de s’occuper de sa life. De lui balancer tout ce que son mari te raconte quand tu lui coupes les cheveux. Et c’est pas très joli… Mais attention c’est mal, faut pas rapporter.

Donc on apprend des trucs qui ne nous serviront jamais mais on les sait. Des histoires qui nous font mal et on leur en veut parce que nous sommes humains et ça nous travaille. De belles histoires qui nous réchauffent le cœur, de belles rencontres, de ceux qu’on déteste, des naissances, des décès,  des mariages, des clients que l’on a connu enfant ou ado et que l’on coiffe pour leur mariage et de belles crises de fous rires. J’adore mon métier !